Thèse soutenue

Quand la Raison se mire dans le miroir de sorcière. Résonances de la pensée scientifique dans le récit fantastique des XIX et XX siècles

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Anouck Linck
Direction : Milagros Ezquerro
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études romanes espagnoles
Date : Soutenance le 20/11/2010
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibériques et contemporains (Paris ; 1998-....)
Jury : Président / Présidente : Michèle Soriano
Examinateurs / Examinatrices : Milagros Ezquerro, Carla Fernandes, Daniel-Henri Pageaux, Michèle Ramond, Eduardo Ramos-Izquierdo

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

L’objectif de ce travail est d’étudier les résonances de la pensée scientifique dans les récits fantastiques du XIX et XX siècle et de revivifier, du même coup, l'approche théorique du genre fantastique. L'axe dorsal de ma thèse consiste à étudier le rapport du genre à la raison (la plasticité de ce concept permet de dépasser les découpages habituels entre science et non-science). Si l'on résume la position de la critique sur la question, on aboutit au constat suivant : le Fantastique met en exergue les carences de la raison. Il en souligne les défaillances, les limitations, les insuffisances, au nom de l’inexhaustible complexité du réel. L'image que le Fantastique véhicule de la raison est donc passablement négative, mais elle est liée à une conception classique de la rationalité, aujourd'hui périmée. L'image de la raison que proposent les sciences a considérablement évolué. Quelques unes des révolutions conceptuelles les plus marquantes du XX siècle dans le domaine des sciences physiques et des mathématiques sont à l'origine de cette évolution, elles marquent le passage de la raison classique (absolutiste) à la raison contemporaine (relativiste et complexifiée). On ne peut s'attendre à ce que le miroir de sorcière reflète une image irréprochable et normative de la raison, mais on ne saurait se satisfaire d'une image strictement négative. Le Fantastique ne se tient pas, contrairement à ce qu'on pourrait croire, à l'écart des vertiges de la science moderne. Il évolue en symbiose avec elle. Je m'attache à montrer, tout au long de ce travail, que la littérature fantastique restitue une image positive mais impure de la raison. Cette dernière dérive des « monstres » que la raison engendre au XX siècle : relativité einsteinienne, mécanique quantique, théorème de Gödel, relativité einsteinienne, logiques non-classiques (entre autres). Dans un récit fantastique, la raison strictement déductive, rigide et totalisante est systématiquement battue en brèche. Mais ce n'est pas là la preuve que la raison a atteint ses limites. La pensée scientifique nous enseigne que ce peut être, au contraire, le signe d'une extension de la raison. Cette réhabilitation de la raison – de son versant « impur » – qui tient compte du contexte scientifique actuel a le mérite de réactualiser le genre fantastique et lui confère une nouvelle unité. Cette réactualisation passe par une modification substantielle du statut du surnaturel : il n’est plus tenu pour un principe désorganisateur mais considéré comme agent de la rationalité.