Thèse soutenue

Essais sur la logique économique des grèves

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Auteur / Autrice : Fabienne Tournadre
Direction : Marie-Claire Villeval
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Lyon 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'enseignement fondamental du paradoxe de Hicks a été de mettre en lumière la nécessité d'ancrer la négociation dans la durée. L'impossibilité de justifier l'émergence et la pérennisation des grèves dans un cadre où les agents sont rationnels, parfaitement et complètement informés, a conduit au développement de modèles de négociation séquentiels avec asymétrie d'information. Dans ces modèles, la durée de grève est synonyme d'acquisition d'information au sein de l'entreprise. Pendant la grève, les agents ajustent leurs revendications respectives afin qu'elles deviennent compatibles. La durée de grève recouvre alors les délais nécessaires aux agents pour s'informer et révéler leur information, et elle relève d'un processus de marchandage. Ce processus de marchandage reste toutefois défavorable au syndicat. Le syndicat est incité à réduire le risque de grève en améliorant la qualité de son information. En observant les négociations précédentes dans d'autres firmes il est en mesure d'adapter sa revendication. La diffusion de l'information diminue le risque de grève et augmente l'utilité des partenaires sociaux. La grève, coûteuse pour les uns, est aussi vecteur d'information, donc réductrice de coûts pour les autres. En cas de pluralisme syndical, les bénéfices liés à la diffusion de l'information demeurent. L'estimation économétrique du modèle sur données françaises souligne cependant des effets contrariés de la diffusion de l'information. L'analyse expérimentale montre que les syndicats révisent leurs revendications à la baisse lorsqu'il y a eu conflit lors des négociations précédentes. Pourtant, le risque de grève ne diminue pas. L'expérimentation permet de révéler l'importance des considérations de bienveillance. La grève apparaît alors autant comme révélatrice d'un mauvais état de la nature, que comme la réaction à un refus de reconnaissance de l'employeur. Les jeux de durée permettent de retranscrire le processus de négociation dans son ensemble. La grève apparaît comme une éventuelle deuxième étape de la négociation, la première étape étant une phase d'attente. Ces modèles permettent de prendre en compte les relations d'efficience au sein de l'entreprise, ainsi que de la dimension reconnaissance des revendications. La durée des processus de négociation n'est plus engendrée par des délais d'acquisition de l'information mais par des incohérences dynamiques. Les tests économétriques sur données françaises permettent de justifier la pertinence de ce type de modélisation. La grève ne constitue qu'une étape de la négociation, elle-même intégrée dans une relation d'emploi faite d'interactions au sein de l'entreprise et entre les firmes.