Thèse soutenue

Genres, carnaval et sida : la construction des identités homosexuelles dans les situations rituelles du carnaval de Rio de Janeiro à l'ère du sida

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Auteur / Autrice : Fabiano de Souza Gontijo
Direction : Michel Agier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie et anthropologie sociale
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les identités sociales se créent à travers l'expérience préalable de la pluralité et de l'altérité et se négocient et se reformulent par le truchement des rituels. Le carnaval de Rio de Janeiro, en tant qu'un ensemble rituel, sert de lieu de reformulation identitaire pour les hommes stigmatisés en raison de leurs pratiques sexuelles avec des individus du même sexe. Alors que jusqu'aux années 1980 les identités homosexuelles se basaient sur l'arbitraire d'un système traditionnel hiérarchique des genres, on observe actuellement une fragmentation des références identitaires comme conséquence sociale et culturelle de l'épidémie VIH. L’éclatement identitaire nous amène à parler d'images identitaires fluides basées sur les apparences corporelles et formulées dans des situations ritualisées. Nous avons cherché a caractériser la participation homosexuelle à quelques situations du carnaval de Rio, comme les bandas, les bals et les écoles de samba ; certaines d'entre elles sont "officiellement" reconnues comme étant gays : la banda carmen miranda, le bal scala gay ou les répétitions de certaines écoles de samba. L’analyse historique de ces situations a permis de déceler un processus de double "homosexualisation" du festival dans son ensemble : d'un côté, les participants aux festivités sont de plus en plus homosexuels et, de l'autre côté, les "fabricants" du festival sont, eux aussi, de plus en plus homosexuels ou "sympathisants" et diffusent des visions de monde gays. Les conséquences sociales et culturelles du sida expliquent la différence que l'on observe entre la manière dont les travestis, les homosexuels efféminés, les entendidos (version latine du macho man) s'opposent aux drag queens, aux jeunes homosexuels "bodybuildes" et aux membres de la "mouvance GLS" (gays lesbiennes et sympathisants) sur la scène carnavalesque de la ville et, par là, créent et recréent situationnellement la diversité de leurs images identitaires.