Thèse soutenue

Au-delà du rideau de fer --« détente » et « sécurité européenne » dans le dialogue et la coopération franco-soviétique (1958-1971)

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Auteur / Autrice : Xue Song
Direction : Philippe RygielMarie-Pierre ReyZhihua Shen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 27/06/2023
Etablissement(s) : Lyon, École normale supérieure en cotutelle avec East China normal university (Shanghai)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Weimin Yu
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Pierre Rey, Zhihua Shen, Weimin Yu, Grégory Dufaud, Dzovinar Kévonian, Bo Chen, 百慧 姚
Rapporteurs / Rapporteuses : Grégory Dufaud, Dzovinar Kévonian

Résumé

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Quand on introduit la notion de « détente » dans les recherches sur la guerre froide, on appelle souvent les années 1960-1970 « la période de détente », au contraire de l’antagonisme entre les États-Unis et l’URSS au début de la guerre froide. La détente fut à la fois une période importante de la guerre froide et une politique étrangère poursuivie par les deux superpuissances. Mais cette politique n’est pas une initiative lancée par les États-Unis ou l’URSS. Nous estimons que la politique de détente pratiquée par la France vers l’URSS et l’Europe orientale à la seconde moitié des années 1960 ainsi que les relations franco-soviétiques de cette époque-là sont un cas d’étude très représentatif. La thèse se fonde sur des sources d’archives françaises, complétées par des documents d’archives et des ouvrages publiés dans d’autres pays, pour éclairer les interrelations entre ces politiques de détente et de sécurité européenne au cours de la période 1958-1971. En 1966, Charles de Gaulle a fait une visite officielle à l’URSS, et la politique de détente, axée sur la « détente, l’entente et la coopération », est inscrite sur le théâtre de l’histoire. Grâce à la politique de détente, la France s’est progressivement profilée comme un interlocuteur « privilégié » de l’URSS en Occident, sur le terrain de la sécurité européenne. En parallèle, la logique de la sécurité découlant de la détente a été progressivement acceptée par les dirigeants du Kremlin. Cependant, les buts et les conceptions de la détente et de la sécurité étaient fondamentalement opposés du côté français et du côté soviétique. Si le coup de Prague et l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie rompent un temps leur dialogue, ils ne le remettent pas en cause. En 1969, pour sortir du dilemme diplomatique, les pays du Pacte de Varsovie dirigés par l’URSS ont repris l’idée polonaise d’une conférence sur la sécurité européenne comme l’une de leurs principales propositions à l’Occident. Au cours des années 1969-1970, le départ de Charles de Gaulle et la succession de Georges Pompidou n’ont pas eu d’impact significatif sur les relations franco-soviétiques. Les années 1970-1971 ont été marquées par de fréquentes visites bilatérales entre franco-soviétique. Bien qu’il ait été difficile d’un « nouveau pas » dans le domaine politique, un consensus a été atteint sur les questions procédurales de la sécurité européenne, c’est-à-dire sur le « découplage » de la question allemande et de la question de la sécurité européenne. Dans une certaine perspective, les questions de l’Allemagne et de Berlin ne sont plus considérées comme des « préalables » à la préparation d’une conférence sur la sécurité européenne. Ce travail soutient qu’il apparaît que la détente est née en réponse à la question de la sécurité européenne et que son processus a été étroitement lié à l’avancement de cette question. La « détente, entente et coopération » était la troisième voie proposée par de Gaulle pour faire face à la situation sécuritaire bipolaire des États-Unis et de l’URSS. Elle était également considérée comme une riposte française à la solution de la question allemande et à la construction d’un système de sécurité européen. Cependant, il existe une contradiction structurelle entre les concepts français et soviétique de détente et de sécurité européenne, la détente française visant à sortir du système bipolaire et l’Union soviétique à consolider celui-ci.