Thèse soutenue

L'évolution des formats orchestraux dans le jazz français (1945-2010) : les nouveaux visages du "grand orchestre" contemporain

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Auteur / Autrice : Chloé Meyzie-Rozier
Direction : Vincent Cotro
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musique et musicologie
Date : Soutenance le 01/12/2015
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Tours ; 1996-2018)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Interactions culturelles et discursives (Tours)
Jury : Président / Présidente : Laurent Cugny
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Fargeton, Ludovic Florin
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Gumplowicz

Résumé

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Prenant comme objet d’étude le grand orchestre de jazz, notre thèse vise non seulement à l’appréhension des configurations instrumentales larges dans le jazz français (1945-2010) mais aussi à l’analyse des démarches adoptées par les musiciens hexagonaux vis à vis d’un organe du jazz a priori figé par la tradition, le big band. Après avoir établi les principaux modèles du big band américain et présenté ses évolutions, ont été mises en évidence les voies esthétiques tracées par les musiciens français au lendemain de la Libération. Alors que certains orchestres choisissent de s’exprimer à travers la formation consacrée durant la Swing Era (Claude Bolling, Jean-Claude Naude ou Jacques Denjean), d’autres ensembles prennent progressivement leurs distances par rapport aux modèles américains (Christian Chevallier). Enfin, certains musiciens adoptent encore plus clairement une attitude de rupture avec le format instrumental de référence (Jef Gilson ou André Hodeir). L’analyse musicologique a alors souhaité évaluer, d’une part, les gestes musicaux fondés sur la copie des grands maîtres et, d’autres part, les procédés permettant de s’affranchir d’un processus d’imitation normé pour fonder une voie plus personnelle. Plaçant au coeur de la réflexion, les concepts de solistes et d’arrangement ainsi que la dialectique filiation – invention, l’étude fait alors le point sur la transfiguration d’un organe du jazz jusqu’alors considéré comme normé. Perçus comme désuets dans les années 1970, les grands orchestres opèrent un formidable retour dans la France du début des années 1980. Cependant, cette renaissance semble s’accompagner de l’apparition de « grands orchestres » plus réduits. Au terme de la mise en évidence historique de ce phénomène, le travail a donc impliqué la recherche des causes ayant conduit à l’émergence de ces formats. Dans ce contexte, ont été questionnés les aspects socioéconomiques, les politiques d’aide à la création et la prééminence de la notion de projet, les progrès technologiques ainsi que les choix esthétiques. Enfin, alors que les notions d’individualité et de liberté semblent au fondement de l’émergence de ces nouveaux formats orchestraux, ont été l’analysées les stratégies développées par les musiciens afin de concilier une approche qui prenne mieux en compte les individualités créatrices sans pour autant renier la dimension collective de la pratique du jazz en grand orchestre. Puisant dans le répertoire des ensembles contemporains (Circum Orchestra, Diagonal, Pink Machine, MegaOctet, Radiation 10, le Sens de la Marche, Tous Dehors ou encore X’tet), l’étude a consisté à révéler les processus dynamiques régissant la pratique des grands orchestres de jazz français contemporains.