Thèse en cours

Psychoses auto-immunes": Etudes cliniques et précliniques des auto-anticorps anti-récepteur nicotinique dans les troubles psychotiques

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 11/01/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Estelle Darrau
Direction : Marion Leboyer
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Neuroscience
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 11/01/2023
Etablissement(s) : Paris 12
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Sciences de la Vie et de la Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IMRB - Institut Mondor de Recherche Biomédicale
Equipe de recherche : Eq LEBOYER - NeuroPsychiatrie Translationnelle
Jury : Président / Présidente : Friederike JöNSSON
Examinateurs / Examinatrices : Marion Leboyer, Uwe Maskos, Boris Lamotte d'incamps, Jérôme Honnorat
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Honnorat

Résumé

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Les auto-anticorps (AAs) anti-récepteurs neuronaux représentent une hypothèse étiologique des troubles psychotiques depuis la découverte de l’encéphalite auto-immune à autoanticorps anti-protéines neuronales décrite chez des patientes présentant des symptômes maniaques, des idées délirantes voire des hallucinations associées à des autoanticorps anti-récepteur N-Méthyl-D-Aspartate associé à un tératome ovarien. Avant la découverte de ces biomarqueurs, plusieurs études avaient mis en évidence des dérégulations immunitaires importantes chez les patients atteints de schizophrénie et de troubles bipolaires. En effet, plusieurs publications ont montré la présence d’un état inflammatoire périphérique chronique chez un grand nombre de ces patients associé à une augmentation des cytokines pro-inflammatoires, d’une augmentation de la prévalence des comorbidités auto-immunes ainsi que de la présence de signatures neuro-inflammatoires à l’IRM. D’un point de vue génétique, des études d’associations pangénomiques ont mis en évidence un lien entre la région du génome codant pour le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) et le risque d’être atteint de schizophrénie. L’ensemble de ces découvertes ont mené à la naissance de l’immuno-psychiatrie dont l’un des buts majeurs consiste à identifier des sous-groupes homogènes de patients sur la base de signatures immuno-inflammatoires permettant ensuite de proposer des hypothèses étiologiques à étudier, d’orienter le diagnostic et de proposer des stratégies thérapeutiques immunomodulatrices. Parmi les études pangénomiques qui ont été menées, on retrouve aussi une association importante avec le récepteur nicotinique de type α7 (α7-nAchR). Ce récepteur joue un rôle majeur dans la cognition mais également dans la régulation de l’inflammation périphérique et centrale et le maintien de l’homéostasie immunitaire via la voie cholinergique anti-inflammatoire. Les nAchR sont exprimés de manière ubiquitaire à la surface des cellules et à l’échelle subcellulaire et ont pour fonction majeure de réguler les flux calciques membranaires, réticulaires et mitochondriaux. Ces récepteurs peuvent être également la cible de réponses immunitaires, on retrouve notamment des AAs contre le récepteur nicotinique du muscle dans la myasthénie, contre les récepteurs ganglioniques dans la ganglionopathie autoimmune et plus récemment des AAs anti-α7-nAchR chez des patients atteints de schizophrénie, Alzheimer ou encéphalite de Rasmussen. Au regard de cette littérature, nous avons fait l’hypothèse que les anti- α7-nAchR-AAbs circulants retrouvés dans le sérum des patients vont favoriser un terrain inflammatoire en bloquant l’action anti-inflammatoire des récepteurs exprimés sur les cellules immunitaires et plus particulièrement les macrophages. Nos résultats suggèrent que (1) les anti- α7-nAchR-AAs sont mesurables chez 65% des sujets inclus dans notre cohorte et sont plus élevés dans deux clusters associés à des cytokines de l’immunité innée (2) les IgGs purifiées de patients ayant des hauts taux d’anti- α7-nAchR-AAs ne régulent pas la libération de TNF-a induite par le LPS dans un modèle de macrophages et empêchent l’action anti-inflammatoire d’un agoniste du α7-nAchR. (3) De plus, un patient de notre cohorte avec un double diagnostic d’autisme et de schizophrénie présentait ces AAs dans le LCR. En conclusion, cette thèse permet une meilleure compréhension des mécanismes immuno-inflammatoires périphériques présents chez les patients psychiatriques et appuie sur la nécessité de considérer le profil immuno-inflammatoire des patients psychiatriques pour proposer des stratégies thérapeutiques adaptées.