Thèse soutenue

Evolution de la lame basale épidermique au cours du vieillissement cutané

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Auteur / Autrice : Eva Roig Rosello
Direction : Patricia Rousselle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Biologie Moléculaire Intégrative et Cellulaire (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Biologie tissulaire et d'ingénierie thérapeutique (Lyon ; 2013-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Jury : Président / Présidente : Philippe Piccerelle
Examinateurs / Examinatrices : Patricia Rousselle, Walid Rachidi, Ingrid Masse
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Piccerelle, Walid Rachidi

Résumé

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La peau représente la première barrière physique et chimique entre le corps et l'environnement. La jonction dermo-épidermique (JDE), une structure en forme de feuillet de matrice extracellulaire hautement spécialisée, relie l'épiderme et le derme. Dans la peau inter-folliculaire humaine, la JDE possède une microarchitecture ondulée constituée d'excroissances de l'épiderme, appelées crêtes épidermiques, qui s'intercalent dans le derme papillaire, créant ainsi les papilles dermiques. Cette structure ondulée augmente la cohésion mécanique tout en favorisant les échanges moléculaires entre les deux couches. De même, il permet que les papilles dermiques soient pourvues de capillaires sanguins par lesquels les kératinocytes obtiennent des nutriments. La JDE est principalement constituée de laminines, de collagènes IV et VII, de nidogène et de sulfates d'héparane comme le perlecan ou le collagène XVIII. La laminine 332 et le collagène VII sont spécifiquement exprimés sur la JDE qui constituent le complexe d'ancrage. Plus précisément, la laminine 332 interagit simultanément avec les domaines extracellulaires des composants des hémidesmosomes et le collagène VII, qui à son tour se lie au réseau de collagène IV en formant des structures en forme de U qui entourent les fibrilles interstitielles du derme papillaire. Néanmoins, une détérioration de la composition de la JDE et un aplatissement de son patron d’ondulation surviennent au cours du vieillissement. La distribution et la topographie des protéines ubiquitaires et du complexe d'ancrage de la JDE ont été étudiées en réalisant des marquages d’immunofluorescence et de la microscopie confocale, et toutes les analyses quantitatives ont été évaluées en utilisant le logiciel Fiji-ImageJ. Pour effectuer nos expériences, nous avons utilisé des biopsies cutanées d'individus âgés de 2 ans et des biopsies de peau abdominale de femmes âgées de 20 à 59 ans, présentant un phototype cutané Fitzpatrick I-III. En outre, les propriétés mécaniques intrinsèques des régions épidermiques et dermiques proches de la JDE des parties supérieure et inférieure des crêtes ont été étudiées avec de la microscopie à force atomique. L'analyse exhaustive des composants de la JDE sur les biopsies de prépuce a révélé que les composants du complexe d'ancrage présentaient un profil d'expression sous forme de gradient d'intensité croissante du bas vers le haut des crêtes, tandis que les composants ubiquitaires de la membrane basale ne présentaient aucune variation en fonction de l'emplacement et restaient uniformément exprimés. De plus, l'étude des deux profils d'expression sur la cohorte a montré que la présence du profil d'expression sous forme de gradient diminue progressivement en même temps que le raccourcissement de la longueur des crêtes au cours du vieillissement. D’autre part, les expériences de microscopie à force atomique ont montré des différences significatives entre les propriétés mécaniques intrinsèques des différentes zones étudiées. Nos résultats montrent que la distribution des structures d'ancrage fluctue tout au long de la JDE et que les forces mécaniques provenant des zones supérieures et inférieures varient en fonction de leur emplacement sur les crêtes, en suggérant que la force d'ancrage de l'épiderme est plus élevée à l'apex des papilles dermiques. De même, ils mettent en évidence la perte progressive de la distinction entre les parties supérieure et inférieure des crêtes parallèlement à l'aplatissement de la JDE au cours du vieillissement. En conclusion, l’ensemble des résultats indiquent que les deux réseaux moléculaires superposés interfèrent de manière différentielle avec la topographie de la JDE, attribuant aux composants du complexe d'ancrage un potentiel rôle dans le maintien du modèle ondulé distinctif de la JDE ainsi que dans l’influence du comportement des cellules épidermiques.