Thèse soutenue

Modélisation analogique du refroidissement des océans magmatiques partiellement cristallisés : application à l'évolution thermique des planètes telluriques

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Auteur / Autrice : Cyril Sturtz
Direction : Édouard KaminskiAngela Limare
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la terre et de l'environnement
Date : Soutenance le 06/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR-Institut de physique du globe de Paris (2005-....)
Jury : Président / Présidente : Alexandre Fournier
Examinateurs / Examinatrices : Édouard Kaminski, Angela Limare, Alexandre Fournier, Pascale Aussillous, Gaël Choblet, Anne Davaille, Stephen Tait
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Aussillous, Gaël Choblet

Résumé

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L'histoire thermique des corps proto-planétaires, formés par l'accrétion de matériel froid aux premiers âges des systèmes solaires, est une évolution progressive de température induite par la désintégration des éléments radioactifs à courte demi-vie, principalement 26Al. La conséquence attendue de ce réchauffement est un phénomène de fusion partielle massif et l'apparition d'un océan magmatique. Durant son refroidissement, des cristaux se forment avec d'importantes implications pour l'évolution thermique et chimique du manteau. L'objet de la thèse est de proposer des modèles théoriques qui permettant de distinguer les cas où la ségrégation est possible des cas où les cristaux restent en suspension, et d'en étudier les implications géophysiques. Notre approche se base sur des expériences de laboratoire. Nous utilisons un fluide visqueux à haut nombre de Prandtl (10^3) contenant des billes de plastique. Ce fluide est chauffé par absorption de micro-ondes, afin de reproduire une convection par chauffage interne homogène ayant des nombres de Rayleigh-Roberts importants de l'ordre de 10^6 à 10^8. Le fluide et les billes sont choisis avec des coefficients de dilatation thermique différents afin d'atteindre l'inversion de flottabilité au cours de l'évolution thermique du système. Cette configuration permet d'étudier d'une part la stabilité d'un lit flottant constitué de billes légères, et d'autres part, la formation d'un cumulat lourd en profondeur. Pour modéliser les évolutions observées expérimentalement, nous avons développé un formalisme théorique faisant intervenir un nombre de Shields donné par le rapport entre la flottabilité des cristaux et le cisaillement imposé par la convection. Nous avons déterminé expérimentalement des lois d'échelle décrivant les processus d'érosion et de déposition dans le contexte de la convection. Le modèle obtenu est ensuite appliqué à l'évolution thermique des planétésimaux formés par accretion quasi-instantanément. Pour des corps dont le rayon est supérieur à 30 km, un océan de magma est produit. Une croûte se forme alors par flottaison de cristaux légers et un cumulat par sédimentation de cristaux lourds. La croûte légère induit un effet isolant sur l'océan magmatique, et une augmentation de sa température qui entraîne la fusion de la base de croûte. Une croûte plus fine augmente le flux de chaleur en surface, donc baisse la température et induit la formation de cristaux légers qui peuvent flotter. La croûte connait ainsi des cycles de épaississement/refonte, induisant des oscillations du flux en surface et de la température de l'océan de magma, évolutions cycliques pouvant expliquer la présence de cristaux non co-génétiques dans certaines météorites. Ces cycles s'accompagnent d'un refroidissement progressif et d'une augmentation de la quantité de cristaux dans l'océan de magma. Au delà d'une concentration critique, le régime d'océan de magma prend fin et donne naissance à un manteau homogène encapsulé entre une croûte flottante et un cumulat. Dans une dernière partie de la thèse nous considérons un scénario plus complet incorporant l'accrétion de matériel chondritique au cours du temps. Dans ce cas, la croûte chondritique s'épaissit par accrétion de matériel indifférencié, et fond à sa base par le même effet d'isolation thermique que celui décrit précédemment. Le magma issu de cette fusion partielle peut ensuite percoler dans la croûte, former des réservoirs proches de la surface et cristalliser. Ce scenario, confronté aux données géochimiques de certaines météorites datant la formation du magma parent et sa cristallisation, permet de contraindre l'histoire thermique du corps parent, et d'en déduire des informations sur sa taille.