Thèse soutenue

Dette publique et croissance économique : une nouvelle évaluation

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Auteur / Autrice : El Mostafa Bentour
Direction : Cyriac Guillaumin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 16/10/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en économie de Grenoble
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Allegret
Examinateurs / Examinatrices : Florence Huart
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Mignon, Patrick Villieu

Résumé

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En théorie, les effets de la dette sur la croissance économique ont été particulièrement débattus dans l’après-guerre suite à la forte augmentation de la dette publique des pays avancés, montrant notamment deux visions : la vision keynésienne à court terme et la vision classique à long terme. À court terme, les dépenses publiques stimulent la demande globale dans un contexte de rigidités des prix et des salaires nominaux. Cependant, à long terme, l’économie adhère à la vision classique selon laquelle la dette publique réduit le stock de capital et la productivité, entraînant une baisse de la production. La relation entre la dette publique et la croissance économique a été relancée suite à la crise économique de 2008-2009 entraînant des tensions sur les dettes souveraines des pays avancés et posant la question de leur soutenabilité.À long terme, les théories économiques semblent au moins unanimes sur les effets négatifs de la dette publique sur la croissance économique. Cette constatation est devenue tellement ancrée dans l’esprit de tous qu’elle semble légitimer les affirmations concernant l’existence possible d’un seuil de dette publique qui réduirait la croissance économique à long terme. En particulier, Reinhart et Rogoff (2010) ont argumenté sur l’existence d’un seuil de dette publique (rapport entre la dette publique et le PIB) de 90% au-delà duquel la croissance économique serait entravée. En conséquence de ce résultat, qui a une forte implication en termes de politiques économiques, un afflux continu de travaux sur la question du seuil d’endettement est apparu. À court terme, l’analyse est davantage axée sur la composition des dépenses publiques et la valeur des multiplicateurs.Cette thèse vise à analyser, pour un échantillon de 20 pays développés, la pertinence des arguments en faveur ou contre un seuil universel présenté supra, que la théorie économique ne semble pas indiquer formellement. Nous montrons dans le chapitre 1 que l’existence d’un tel seuil, particulièrement commun à tous les pays, ne semble pas être validé pour notre échantillon. Cette conclusion a été davantage démontrée par l’utilisation d’une technique économétrique récente développée par Hansen (2017), regression kink, cherchant de manière endogène des points de retournement dans la relation entre la dette publique et la croissance économique.Le chapitre 2 est consacré à l’évaluation des effets à court terme de la dette publique sur la croissance économique, notamment à travers l’évaluation des effets de la dette publique sur les multiplicateurs de dépenses publiques. L’importance de cet exercice est soulignée dans le cadre du débat relancé sur les multiplicateurs budgétaires, qui a été déclenché par Auerbach et Gorodnichenko (2012). À la suite de ce débat, les multiplicateurs se sont révélés sensibles à plusieurs déterminants, notamment la dette publique (déficit public) et le cycle économique. Nous avons adopté la méthodologie des modèles VAR structurels (SVAR) pour évaluer les multiplicateurs de dépenses publiques, en présence de la dette, comme étant des canaux par lesquels s’effectue la transmission des effets de la dette publique à la croissance économique.Le chapitre 3 est consacré à l’évaluation des effets à long terme sur la croissance économique dans un modèle de croissance endogène. Par conséquent, une formule paramétrée a été simulée pour une dette potentielle qu’un pays pourrait cibler pour financer ses investissements productifs sans la surmonter. Ce taux d’endettement potentiel, lié à la croissance économique et à la productivité des capitaux publics ainsi qu’au taux d’intérêt, est dynamique et propre à chaque pays.Dans les trois chapitres, la thèse s’oppose à tout seuil d’endettement commun s’appliquant à tous les pays. Le sujet de la croissance économique et de la dette publique reste néanmoins l’un des sujets les plus débattus de la macroéconomie depuis la crise financière de 2008-2009.