Thèse soutenue

Le groupe III des récepteurs métabotropes du glutamate : une nouvelle cible dans l'addiction aux opiacés et à la cocaïne ?

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Auteur / Autrice : Zuzana Hajasova
Direction : Nicolas Marie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacologie
Date : Soutenance le 26/09/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Catherine Marchand
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Marchand, Dominique Massotte, Catherine Heurteaux, Francine Acher, Guillaume Duvey
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Massotte, Catherine Heurteaux

Résumé

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L'addiction aux drogues, comme les opiacés (morphine et ses dérivées) ou la cocaïne, est un problème majeur de santé publique puisqu'elle se traduit par une morbi-mortalité importante et touche toutes les franges de la population indépendamment de la situation socio-économique, de l'âge ou du sexe. Cette maladie psychiatrique chronique et évolutive est caractérisée entre autre par une consommation compulsive de substances psychoactives. Aujourd'hui, il n'existe toujours pas de thérapies suffisamment efficaces pour traiter le problème le plus important, les rechutes de consommation. Ainsi, l'identification de nouvelles cibles thérapeutiques s'impose. Les données précliniques obtenues ces dernières années ont montré que le système glutamatergique était une cible prometteuse dans le traitement des addictions. En effet, les rechutes sont accompagnées d'une augmentation de la libération de glutamate dans des structures cérébrales impliquées dans l'action des drogues, suggérant qu'inhiber cette libération bloquerait la rechute. Un moyen original pour inhiber la libération de glutamate consiste à stimuler les récepteurs présynaptiques glutamatergiques ; c'est précisément la stratégie que nous avons adopté dans ce travail en ciblant le groupe III des récepteurs métabotropes du glutamate (mGlu) et plus particulièrement les récepteurs mGlu4 et mGlu7 en utilisant le LSP2-9166, un agoniste orthostérique de ces deux récepteurs, conçu et synthétisé par l'équipe du Dr. Francine Acher (CNRS UMR 8601). Chez la souris, nous avons testé l'effet du LSP2-9166 dans deux modèles de dépendance à la morphine et la cocaïne : la préférence de place conditionnée et la sensibilisation comportementale. Nos résultats montrent que le LSP2-9166 à la dose de 0,5 mg/kg (par voie intrapéritonéale) bloque l'expression du souvenir laissé par les effets renforçants de la morphine ainsi que la réinstallation de ce comportement après une phase d'extinction. Ces effets semblent être spécifiques puisqu'à cette dose, le LSP2-9166 ne modifie ni l'état hédonique des animaux (mesuré par la consommation d'eau sucrée), ni leur capacité de mémorisation (test du labyrinthe en Y), ni leur locomotion et ni leur état émotionnel (anxiété évaluée par le test de la boite noire et blanche ; état dépressif mesuré par le test de la nage forcée). En revanche, nous n'avons pas observé d'effets du LSP2-9166 sur la sensibilisation comportementale à la morphine. Des études de dosage de neurotransmetteurs (glutamate, GABA et dopamine) par microdialyse dans le noyau accumbens sont en cours afin de comprendre le mécanisme d'action du LSP2-9166. Les résultats obtenus avec la cocaïne montrent que le LSP2-9166 ne modifie pas la préférence de place conditionnée induite par ce psychostimulant. L'ensemble de ces résultats montrent pour la première fois que le groupe III des récepteurs mGlu est impliqué dans les effets renforçants de la morphine et pourrait représenter une nouvelle cible thérapeutique dans l'addiction aux opiacés.