Thèse soutenue

Essais sur le risque de crédit : réallocation, substitution et mutualisation

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Thibaut Piquard
Direction : Gabrielle Demange
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Analyse et politique économiques
Date : Soutenance le 20/12/2021
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : banque centrale : Banque de France
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Danthine
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Danthine, Martin Oehmke, Guillaume Vuillemey, Stéphane Guibaud, Édouard Vidon
Rapporteurs / Rapporteuses : Martin Oehmke, Guillaume Vuillemey

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse présente trois essais indépendants liés au risque de crédit en finance.Le premier chapitre porte sur le rôle des dérivés de crédit (CDS) dans la réallocation de l'exposition des investisseurs au risque de crédit. Nous apparions les expositions aux CDS et à la dette détenue par les investisseurs français sur les sociétés non financières (SNF) et par les banques de la zone euro sur les SNF françaises. Pour guider notre analyse, nous proposons une méthodologie permettant de distinguer les positions de CDS entre trois stratégies : couverture, spéculation et arbitrage. Nous montrons que les CDS rendent les portefeuilles des investisseurs plus risqués. Les stratégies de couverture diversifient les expositions les plus concentrées mais ne représentent qu'une faible part des positions. Les stratégies spéculatives diversifient également les expositions individuelles mais augmentent la concentration au niveau sectoriel et pays. Les "dealers" et les banques utilisent également les CDS comme substitut à la dette pour les références les plus risquées, alors que l'effet est opposé pour les fonds d'investissement. Les banques sont ainsi plus à même de bénéficier des avantages de marge ou de liquidité des CDS.Le deuxième chapitre étudie la substitution entre les marchés interbancaires garantis et non garantis et ses conséquences sur la mise en œuvre de la politique monétaire. À l'aide de données de transactions, nous mettons en évidence la substitution imparfaite entre les deux marchés : les banques emprunteuses sont actives sur les deux marchés alors même que leur contrainte de collatéral n'est pas saturée. Pour étudier le lien entre substitution imparfaite et mise en œuvre de la politique monétaire, nous construisons un modèle qui présente deux marchés interbancaires, et des banques devant détenir un niveau de réserve suffisant auprès de la banque centrale. Le risque de contrepartie sur le marché non garanti et le coût d'opportunité du collatéral expliquent la substitution entre les marchés non garantis et garantis. La politique monétaire affecte différemment l'écart de taux entre les deux marchés et leurs volumes relatifs selon que la banque centrale rachète ou non des titres négociables. Un exercice empirique confirme ce résultat.Le troisième chapitre étudie la structure du marché de la compensation centrale dans l'UE. De nouvelles réglementations promeuvent le rôle des contreparties centrales (CCP) en tant qu'assureurs du risque de contrepartie afin de stabiliser les marchés dérivés mais le niveau de concurrence approprié entre CCPs est sujet à débat. Ce chapitre s'attache à mettre en lumière la concurrence entre CCPs. Premièrement, nous montrons que les CCPs utilisent une variété d'outils qui déterminent le prix et la qualité de leurs services. Ces multiples outils rendent difficile l'application du cadre usuel de la concurrence aux CCPs. Deuxièmement, nous montrons à l'aide de données publiques que les CCPs se différencient sur plusieurs aspects : géographique, gamme de produits et qualité. Troisièmement, nous étudions comment des paires de "dealers" choisissent la CCP sur laquelle ils compensent une transaction. Pour cela, nous utilisons des données de transaction sur trois principaux indices de CDS et nous nous concentrons sur les principaux "dealers" qui sont membres des deux principales CCP compensant ces indices. L'analyse économétrique montre que la taille des transactions, deux indicateurs de la robustesse des CCPs, et la volatilité du marché ont un effet sur le choix de CCP. Cela n'est pas vérifié pour le coût de collatéral, représenté par les positions des "dealers". Les résultats de ces deux jeux de données nuancent l'idée selon laquelle les CCPs sont des monopoles naturels.