Thèse soutenue

Stimulation de l'ingestion d'aliment solide chez le lapereau allaité et conséquences sur l'implantation du microbiote intestinal et la santé digestive

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Auteur / Autrice : Charlotte Paës
Direction : Sylvie CombesThierry Gidenne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pathologie, Toxicologie, Génétique et Nutrition
Date : Soutenance le 02/07/2020
Etablissement(s) : Toulouse, INPT
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Génétique Physiologie et Systèmes d'Élevage (Castanet-Tolosan, Haute-Garonne ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : Francis Enjalbert
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Combes, Thierry Gidenne, Évelyne Forano, Isabelle Le Huëron-Luron, Benoist Schaal
Rapporteurs / Rapporteuses : Évelyne Forano, Isabelle Le Huëron-Luron

Mots clés

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Résumé

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La poursuite de la réduction de l’usage d’antibiotiques en élevage cunicole passe par la recherche de nouveaux leviers d’action permettant de maîtriser la santé. En effet, l’occurrence des troubles digestifs survenant peu de temps après le sevrage reste importante, en lien avec la maturation incomplète de l’immunité du lapereau. Etant donné le rôle clé du microbiote digestif dans la construction et la stimulation du système immunitaire, un pilotage ciblé de ce partenaire microbien en début de vie représente une piste prometteuse de prévention des entérites. L'implantation du microbiote digestif est dépendante de l'ingestion d'aliment solide, observée dès la première semaine de vie en conditions naturelles mais impossible en élevage faute de dispositifs alimentaires adaptés. Ce travail de thèse avait pour objectif de comprendre les déterminants de l’ingestion solide précoce du lapereau allaité pour la stimuler, de manière à promouvoir l’installation d’un microbiote digestif favorable à la santé de l’hôte. Dans un premier temps, l’étude du comportement alimentaire du lapereau allaité a permis de concevoir un dispositif de mise à disposition d’aliment solide au nid et d’identifier un support nutritionnel appétant se présentant sous la forme d’un aliment gélifié. Grâce à ces prérequis, les effets d’une alimentation précoce sur la capacité digestive, les performances de croissance, l’implantation du microbiote et quelques paramètres de santé ont été évalués en faisant varier le type d’apports en polysaccharides (ratio fibres digestibles/amidon) ou oligosaccharides (fructo-oligosaccharides et mannan- oligosaccharides). Nous avons démontré que la consommation d’aliment au nid débutait autour de 7 jours d’âge et représentait en moyenne 1,3 ± 0,2 g de matières sèches par lapereau au cours des 17 premiers jours de vie dans nos sept essais expérimentaux. La consommation d’aliment dans le nid n’affectait pas l’ingestion de lait, les performances de croissance et les coefficients d’utilisation digestive des nutriments apportés avant sevrage (digestibilité de la matière sèche comprise entre 49 et 67% avant sevrage selon la période étudiée). La stimulation précoce de l’ingestion d’aliment solide permettait en revanche de moduler la colonisation du microbiote caecal avec des effets d’autant plus marqués que cette ingestion était élevée. Une maturation plus rapide du microbiote digestif était observée sur le long terme lors de l’introduction d’un aliment gélifié dans le nid, maturation caractérisée en particulier par une croissance des bactéries de la famille Ruminococcaceae conjointement à une réduction de l’abondance des Bacteroidaceae. Si l’enrichissement de l’aliment démarrage en ingrédients fonctionnels (prébiotiques) n’impactait que peu les communautés bactériennes du caecum, la modulation du ratio fibres digestibles/amidon influençait en revanche fortement les profils taxonomiques et l’activité fermentaire du microbiote. En lien avec ces changements observés au niveau des écosystèmes, l’expression dans la muqueuse caecale de gènes impliqués dans l’immunité (notamment Gpx2, Tnfsf13b et pigR) variait selon la nature des aliments distribués au nid. L’ensemble de ces résultats indiquent la pertinence de la distribution d’un aliment à destination du lapereau nouveau-né pour orienter la construction conjointe de son microbiote et son immunité. Des travaux permettant d’étayer les bénéfices santé du support nutritionnel développé permettraient de confirmer l’intérêt d’une stratégie d’alimentation précoce pour l’élevage cunico