Thèse soutenue

Chevaux de papier : représentations de la figure équine en littérature, de l'entre-deux guerres à l'époque contemporaine

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Auteur / Autrice : Diane De Camproger
Direction : Marie-Hélène Boblet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 21/06/2022
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lettres, arts du spectacle, langues romanes (Caen ; 2008-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Bertrand
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Hélène Boblet, Alain Romestaing, Marie Hartmann
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Romestaing

Mots clés

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Résumé

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Ce travail de thèse a pour objet d’analyser l’héritage des figurations mythiques et des représentations plastiques et littéraires du cheval dans une sélection d’œuvres de fiction des XXème et XXIème siècles. Leur reprise et leur ré-élaboration appellent une lecture thématique de la figure du cheval dans quelques récits et romans français, et l’appréciation des enjeux qui y sont associés.Décidément modernes, ces récits ont tous vu le jour dans une période marquée par la disparition progressive du cheval de la sphère sociale. Ils se basent sur l’expérience de nos auteurs avec l’animal, mais peignent aussi les bouleversements de la société dans laquelle ils évoluent.En effet, le XXème siècle et les deux guerres mondiales ont amené l’homme à se poser la question de l’animalité, voire de la bestialité, comme pendant à l’humanité.En faisant allusion aux « chevaux de papier », cette thèse souhaite interroger le cheval de fiction littéraire, et non l’équitation ou les pratiques équestres en général, et percevoir quels sont les aspects propres au cheval, à la fois dans une perspective diachronique – l’évolution des représentations dans le temps – et synchronique – l’articulation de ces différents phénomènes les uns par rapport aux autres dans la littérature contemporaine.Le cheval est le vecteur d’un certain nombre de représentations liées à ses capacités et propriétés spécifiques. Celles-ci l’ont doté, particulièrement dans le récit mythique, d’une image tour à tour positive (chevaux magiques, divins, solaires) ou négative (chevaux de cauchemar, infernaux, psychopompes). Les figures mythiques du cheval s’articulent aussi en deux types : celles liées au cheval comme force unique et individuelle, et celles liées au couple cavalier/cheval, c’est-à-dire à la pratique de l’équitation. Elles font aussi l’objet d’une appropriation culturelle et sont le fruit de nombreuses représentations, populaires, artistiques ou littéraires, qu’il nous fallait examiner avant de pouvoir analyser nos textes. C’est parce qu’une telle synthèse n’a encore jamais été faite que ce travail est novateur.Les romans de notre corpus ne réutilisent pas uniquement des figures mythiques. Ils s’inspirent aussi de la tradition littéraire passée, en empruntant tant à l’épopée qu’au roman d’aventure, semblant tracer une nouvelle voie, à mi-chemin entre l’héritage poétique et les préoccupations contemporaines. C’est par l’analyse de cet héritage que nous pouvons nous intéresser plus particulièrement aux particularités des figures équines dans la fiction contemporaine, en nous penchant sur leurs fonctions dans la diégèse, et leurs places dans la construction du récit. En partant de la fonction métonymique du cheval (« cheval moteur »), les œuvres du corpus interrogent les notions de romanesque et de vraisemblance, tout en questionnant le rapport au corps et au mouvement, surtout dans la pratique de l’équitation. L’apparition du cheval dans le roman permet aussi de questionner la notion de scène, et de définir la « scène équestre ». Ce cheminement théorique revient à interroger l’existence d’un cheval-type, au sens balzacien, une figure autonome et caractéristique que l’on retrouve dans les différents récits par le biais des scènes équestres. Il nous pousse aussi à formuler la question du point de vue du cheval, et de sa voix. À qui s’adresse la figure équine introduite dans le roman contemporain ? À un lecteur cavalier, ayant un véritable rapport au cheval qu’il peut retrouver dans le récit, ou à un lecteur empathique, que questionne l’existence d’un point de vue, ou d’une voix de l’animal, dans la narration. En quoi la présence du cheval renvoie-t-elle le lecteur aux questionnements écologiques actuels sur la place de l’homme au sein de la nature, cristallisant à la fois l’angoisse de la mort et d’une crise civilisationnelle ?