Thèse soutenue

Evaluation quantitative du risque rocheux : de la formalisation à l'application sur les linéaires et les zones urbanisées

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Auteur / Autrice : Manon Farvacque
Direction : Nicolas EckertChristophe CoronaFranck Bourrier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre et de l'Univers et de l'Environnement
Date : Soutenance le 09/01/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Érosion torrentielle, neige et avalanches (Grenoble, Isère, France ; 1997-....)
Jury : Président / Présidente : Didier Georges
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Eckert, Éric Parent
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Jaboyedoff, Olivier Deck

Résumé

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L’aléa chute de blocs est caractérisé par le détachement brutal d’une masse rocheuse, depuis une paroi (sub)verticale, qui se propage rapidement vers l’aval par rebonds successifs. Ces événements, fréquents en zones de montagne, représentent un aléa majeur pour les infrastructures collectives et les habitations, et induisent fréquemment de graves accidents. En France, par exemple, le détachement d’un volume rocheux de 30 m3 en 2014 a provoqué le déraillement du train touristique des Pignes, faisant deux victimes et neuf blessés. En 2015, l’endommagement des voies et la perturbation du trafic ferroviaire suite à un événement rocheux survenu entre Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice a induit 1.34M€ de réparations, et 5.4M€ de dommages indirects.Ces différents événements illustrent bien notre vulnérabilité face aux événements rocheux, et soulignent que les collectivités locales et les pouvoirs publics sont encore fréquemment démunis en matière de méthode de diagnostic et d’analyse du risque de chute de blocs. Dans ce contexte, l’évaluation des risques par une approche de type quantitative, appelée QRA (Quantitative Risk Assessment), est devenue incontournable pour l’aménagement des territoires de montagne et le choix des mesures de mitigation. Chaque terme de l’équation du risque, dont les composantes principales sont l’aléa, la vulnérabilité, et l’exposition, sont alors fidèlement quantifiés, offrant des informations sur les dommages potentiels.Malgré le vif intérêt alloué aux approches de type QRA pour la gestion des risques rocheux, de telles applications restent encore inhabituelles. La rareté de ces approches est principalement liée à la difficulté à évaluer précisément chacune des composantes du risque. De plus, les quelques études qui proposent une approche QRA dans le domaine rocheux font généralement l’hypothèse de la stationnarité du processus, alors que l’étalement urbain, ou l’évolution de l’occupation des sols, qui modifient le fonctionnement du processus ne sont pas intégrés. Enfin, le risque rocheux – comme la plupart des autres risques naturels – est exprimé par la moyenne des dommages. Cependant, cette moyenne arithmétique est associée à plusieurs faiblesses, et n’offre qu’une seule valeur du risque, généralement inadaptée aux différentes contraintes auxquelles doivent faire face les gestionnaires. Dans ce contexte, l’objectif de cette thèse est de renforcer les bases formelles du calcul du risque dans le domaine des chutes de blocs, d’évaluer les effets des changements environnementaux sur le risque rocheux, et de proposer une méthode où le risque de chutes de blocs est quantifié à partir de mesures de risque alternatives à la moyenne arithmétique. A cet effet, nous proposons une procédure holistique de QRA où le risque rocheux est quantifié en combinant un modèle de simulation trajectographique avec des courbes de vulnérabilité et un large spectre de volume rocheux et de zones de départ de chutes de blocs. La faisabilité et l’intérêt de cette procédure est illustré sur deux cas d’études réels : la commune de Crolles (Alpes Françaises), et la vallée de l’Uspallata (Cordillère des Andes). Par ailleurs, nous mesurons l’effet des changements environnementaux sur le risque de chutes de blocs en appliquant la QRA dans différents contextes d’utilisation et d’occupation des sols. Enfin, nous proposons une approche innovante où deux mesures de risque, dites "quantile-based measures", sont introduites. Ces dernières permettent une meilleure prise en compte des événements extrêmes et permettent d’envisager la gestion du risque à divers horizons temporels.