Thèse soutenue

Mettre en scène les opéras de Jules Massenet à l'Opéra-Comique sous la première direction d'Albert Carré (1898-1913)

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Auteur / Autrice : Jonathan Parisi
Direction : Jean-Christophe Branger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et Arts
Date : Soutenance le 08/04/2022
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (Lyon ; 2016-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Moindrot
Examinateurs / Examinatrices : Roxane Martin, Agnès Terrier
Rapporteurs / Rapporteuses : Roxane Martin, Patrick Taïeb

Résumé

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De 1898 à 1913, l'Opéra-Comique programme onze opéras de Jules Massenet qui, à eux seuls, représentent un cinquième des levers de rideau de la salle Favart. Outre la création de Cendrillon, celle de Grisélidis, celle d'une version remaniée de Sapho, l'institution assure deux créations françaises (Le Jongleur de Notre-Dame, Chérubin), deux créations parisiennes (Marie-Magdeleine, Thérèse) et renouvelle les mises en scène de quatre ouvrages (Manon, Werther, Le Portrait de Manon, La Navarraise) qui s'inscrivent alors au répertoire de la seconde scène nationale. Sous la direction d'Albert Carré, l'œuvre lyrique de Massenet trouve son véritable point d'aboutissement. En concevant et dirigeant le travail de création scénique depuis les études préliminaires jusqu՚à sa réalisation plastique, en imaginant au préalable la gestuelle avant de l'éprouver en scène, de la faire reproduire et de l'inscrire durablement dans la mise en scène, Carré rompt avec la tradition des directeurs de théâtres lyriques et incarne la définition moderne du metteur en scène. Il participe à une redéfinition des enjeux de la mise en scène et privilégie un décorateur unique afin d'affirmer l'unité esthétique du spectacle. Plus encore, en offrant un rôle dramatique à l'éclairage électrique, il inaugure une ère nouvelle de l'histoire de la mise en scène. Ainsi, Massenet trouve à l'Opéra-Comique le laboratoire idéal pour exprimer et expérimenter son appétence pour la mise en scène. Travaillant conjointement à la conception et la transmission du visage scénique d'un ouvrage, les deux hommes s'emploient à faire reconnaître l'autorité de la mise en scène et font du livret de mise en scène le document central de l՚entreprise du spectacle et le complément nouveau de la partition. Dans ce contexte propice, il eut été aisé pour Massenet de théoriser sa pensée scénique. Mais si – à la différence de Wagner – il n՚y consacre pas d՚écrit spécifique, Massenet laisse cependant de précieuses traces de sa conception de la mise en scène. Ses témoignages, ses prises de position dans la presse, ses Souvenirs, ses multiples annotations manuscrites de mise en scène et la rédaction intégrale du livret de mise en scène de Sapho fournissent une connaissance précieuse de sa pensée scénique, permettant d'établir le rôle inédit qu՚il a joué dans l'histoire de la mise en scène lyrique. Par ce geste, Massenet redéfinit la fonction traditionnelle du compositeur. Pourtant il ne signe pas lui-même de mise en scène. L՚humilité de cette posture s՚explique par l՚adoption d՚une vision à long terme et la prise de conscience que la pleine légitimité de la mise en scène ne peut se gagner que par la reconnaissance de la fonction autonome du metteur en scène. L'implication avérée de Massenet se double ainsi d՚un effacement officiel mis au service d՚une cause supérieure : reconnaître la mise en scène comme un art à part entière.