Thèse soutenue

Les intellectuels marxistes humanistes de Serbie entre socialisme et nationalisme : aux origines intellectuelles et culturelles des transitions yougoslaves, des années 1920 aux années 1970

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Auteur / Autrice : Sacha Markovic
Direction : Jean-Charles Szurek
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 20/11/2017
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Michel Dobry
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Charles Szurek, Michel Dobry, Nathalie Clayer, Philippe Gelez, Olivier Dard, Jean-Marie Demaldent
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Clayer, Philippe Gelez

Résumé

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À la fin des années 1980, le processus de désintégration de la Yougoslavie, déjà très avancé, apparaît au grand jour et annonce un très probable emballement violent. Il réserve aussi quelques surprises apparentes : la présence, aux côtés de Slobodan Milošević, d’intellectuels marxistes serbes qui ont compté, dans les années 1960-1970, parmi les plus grandes figures du communisme yougoslave, comme Ljubomir Tadić, Mihailo Marković ou Svetozar Stojanović. À première vue, cette évolution s’inscrit dans les bouleversements généraux connus par l’ensemble de l’Europe de l’Est, dans la phase de transition qui a commencé avant l’effondrement des régimes communistes et s’est poursuivie dans une période dite « post-communiste ». L’éclatement de la Yougoslavie, comme les « mutations idéologiques » individuelles, apparaissent de prime abord comme le résultat d’un processus de transition à la fois territoriale, politique et socio-économique, somme toute commun à l’ensemble de l’« autre Europe ». Les élites serbes n’auraient ainsi connu qu’un processus de « conversion » au « libéralisme » et le pays des transformations socio-économiques générées par l’effondrement du « système titiste ». Les singularités de l’expérience autogestionnaire yougoslave nous invitent, toutefois, à interroger le passé d’un pays qui a connu de nombreuses transitions politiques et socio-économiques, bien avant celle des années 1980-1990, susceptibles d’expliquer l’émergence d’un nationalisme exclusif dont la source se situe en fait plus en amont. Cette thèse se propose d’analyser les origines intellectuelles et culturelles des ultimes divisions yougoslaves, en étudiant l’évolution politique d’un groupe qui raconte la Yougoslavie de Tito : les marxistes humanistes de l’Université de Belgrade, depuis la naissance de la sensibilité humaniste dans les années 1920, parmi les hommes de lettres, jusqu’à la purge des milieux universitaires belgradois, conduite dans les années 1970 par le régime titiste. Cette plongée dans le passé communiste des Yougoslaves révèle que ni la Seconde Guerre mondiale ni l’effondrement du communisme à l’Est ne sont les seules matrices historiques de la montée des nationalismes en Yougoslavie.