Thèse soutenue

Sociologie du rire : Classes sociales d'affects et réception culturelle du comique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Laure Flandrin
Direction : Bernard Lahire
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 28/11/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Roger Chartier
Examinateurs / Examinatrices : Lilian Mathieu
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Carmen Garcia, Olivier Schwartz

Mots clés

FR  |  
EN

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Savons-nous ce qu’est le rire ? Sous la pratique ordinaire de portée infinitésimale, quels mécanismes et quels usages, quels affects et quels plaisirs, justifient l’éclairage des outils des sciences sociales ? Pour répondre à ces questions, ce projet de thèse prend appui sur une sociologie de la réception culturelle des arts comiques : il entreprend de comprendre le rire à la croisée du comique et du rieur. Deux types de matériaux sont utilisés et interprétés : le premier provient d’une enquête quantitative menée auprès de 210 enquêtés ; le second convoque 36 rieurs singuliers pour des entretiens approfondis. Dans les deux cas, les enquêtés appartiennent à toutes les classes sociales et cette diversité sociologique fait apparaître l’impossibilité d’attribuer au rire une signification sociale ou politique univoque. L’éclat du rire trouve alors son explication dans le temps long d’une biographie sociologique finement reconstituée. Adossé à ces deux terrains, ce travail met en regard des schèmes narratifs comiques, extraits des oeuvres culturelles dépouillées de leurs caractérisations littéraires ; et des types d’expériences sociales fondamentales vécues par les rieurs.Le rire fonctionne comme un signe qui vaut pour autre chose que lui-même : il manifeste la reconnaissance à pic d’expériences passées qui sont souvent liées aux grandes étapes initiatiques de l’existence sociale et qui ont pu demeurer dans le rieur sous la forme de dispositions à rire : l’apprentissage de la marche et de la bipédie ; l’intériorisation des grands savoir-faire civilisationnels ; l’affectation par les pouvoirs, qu’ils soient petits ou grands ; la formation politique des relations avec les autres ; etc. Par ailleurs, si le rire est bien un signe, il est inclus dans une communication de groupe : c’est un acte de catégorisation qui se greffe sur les fractures les plus fines du corps social et qui, en retour, contribue à les figer ou au contraire à les déstabiliser. Cette dimension pragmatique du rire invite à réévaluer la fonction de socialisation des oeuvres et le rôle majeur de la stéréotypie comique dans la compréhension du social par le rieur. Enfin, le rire n’est pas un affect unanimitaire, mécaniquement extorqué chez tous par le développement sans précédent des industries du divertissement : il faut également y voir une stratégie de positionnement culturel qui s’agence jusque dans le grain le plus fin de l’existence sociale et son caractère d’événementialité.