Thèse soutenue

Image de l'Afrique à travers les dessins d'actualité dans Jeune Afrique (2000-2010) : approche sémio-rhétorique

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Auteur / Autrice : Nuru Koki Kyalo
Direction : Anne Beyaert-GeslinIsabelle Klock-Fontanille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage - Sémiotique
Date : Soutenance le 17/12/2015
Etablissement(s) : Limoges en cotutelle avec Université de Maseno (Kenya)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, langage(s) (Poitiers ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches sémiotiques
Jury : Président / Présidente : Alain Kiyindou
Examinateurs / Examinatrices : Anne Beyaert-Geslin, Isabelle Klock-Fontanille, Lester Mtwana Jao, Kabale Kilosho
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Kiyindou, Maria Giulia Dondero

Résumé

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Le dessin d’actualité est un dessin qui appartient au genre journalistique fonctionnant comme un éditorial visuel. Cependant, en tant qu’objet sémiotique, il n’a presque jamais reçu l’attention analytique qu’il mérite. Nous soutenons la thèse que le dessin d’actualité emploie un langage visuel particulier afin de partager son savoir. Pour illustrer notre thèse, nous avons utilisé les dessins d’actualité du magazine Jeune Afrique parus entre l’année 2000 et 2010. Notre hypothèse est que ces dessins « disent » quelque chose d’une manière particulière à propos de l’Afrique subsaharienne (AfSS). Selon les questions et objectifs de notre recherche, nous avons voulu faire connaitre la structure du langage du dessin d’actualité, les stratégies énonciatives qu’il emploie pour véhiculer son savoir, les sujets thématiques qu’il aborde et l’image de l’Afrique qu’il projette. Le dessin d’actualité dispose d’une structure syntaxique tabulaire composée de cinq unités, à savoir, la figure iconique, la figure plastique, l’unité temporelle, le paratexte et la parole. L’informateur dépose le savoir dans une ou plusieurs unités tout en employant des stratégies énonciatives appropriées et efficaces pour manipuler l’observateur cognitif à voir, à savoir et à croire à ce qu’il observe. L’étude du langage du dessin d’actualité a été inspirée des propositions théoriques du Groupe μ, (1992), Töpffer (cf. Gombrich, 1996), Genette (1987) entre autres. Les thèmes portant sur la pratique électorale, l’aide humanitaire, la guerre civile, la corruption financière et le portrait moral des dirigeants africains ont alimenté notre corpus. Quelle est donc l’image que les dessins d’actualité dans J.A. donnent de l’AfSS – de son territoire, ses peuples, leur situation, et leurs dirigeants ? Différentes propositions découlent des analyses du quatrième au neuvième chapitre. Il est ressorti que les dessins d’actualité dans J.A. racontent de petits récits fictifs qui ne reprennent pas les histoires de l’actualité mais s’en inspirent, les transposent et s’y réfèrent pour composer les leurs. Nous avons constaté que chaque dessin d’un sujet thématique donné s’enchaine chronologiquement au prochain qui pourrait être ou pas la production du même dessinateur. Si les dessins racontent de petits récits, nous pouvons imaginer chaque dessin comme une scène d’une pièce de théâtre et pour cela, chaque dessin caractérise ses personnages. L’informateur donne des rôles figuratifs et thématiques aux acteurs. Les acteurs sont des africains. Nous, les observateurs, sont assignés le rôle de spectateurs. Dans chaque scène, le dessinateur amène nos esprits dans les pays de l’AfSS pour « témoigner » avec lui de ce qui « se passe ». Cependant, les problèmes socio-économiques de l’AfSS sont présentés comme des géants par rapport aux « Africains ». En effet, l’opposition topologique des figures visuelles met en évidence une opposition des valeurs différentielles mettant ainsi l’AfSS dans une opposition qui la minimise et la dévalorise. Les dessins pointent les enjeux socio-économiques qui accablent la population civile. Et comme les problèmes nécessitent une intervention, il se fait que cette intervention provienne de l’étranger. Pendant ce temps de souffrance pour les civils, les hauts fonctionnaires s’engageant dans des pratiques de l’impunité financière, racontent les dessins. Les présidents africains, quant à eux, ne pensent qu’à s’éterniser au pouvoir. Ainsi, selon les dessins, ils vont chercher tous les moyens pour mener à bien leur objectif. Les dessinateurs emploient des stratégies énonciatives pour se moquer de la situation africaine peinte par les dessins. Enfin, il n’y a pas une seule image mais des images sombres de l’AfSS issues d’histoires fictives qui s’inspirent de l’actualité. Images sombres parce que le dessin d’actualité est un outil de critique plutôt que d’éloge.