Thèse soutenue

Devenir-paysage de la scène contemporaine. Le dépaysement du drame.

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Auteur / Autrice : Maria Clara Guimaraes Ferrer Carrilho
Direction : Joseph Danan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études théâtrales
Date : Soutenance le 09/12/2014
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris)
Jury : Président / Présidente : Sandrine Dubouilh
Examinateurs / Examinatrices : Joseph Danan, Sandrine Dubouilh, Didier Plassard, Marie-Madeleine Mervant-Roux

Résumé

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En écho avec la réflexion de Gertrude Stein sur le théâtre, la présente thèse explore l’idée de paysage comme moteur, dissident de la trame d’une histoire, de l’action scénique et de l’émotion du spectateur. Quoique récurrente dans le discours théâtral actuel, l’association entre théâtre et paysage ne va pas de soi. Il y a là comme des « noces contre nature » entre deux règnes et deux échelles différentes : la scène théâtrale, règne du drame, bâtie poétiquement et architecturalement à l’échelle de l’homme, et le paysage, règne de la nature qui ne peut se concevoir qu’à l’échelle de l’infini. Des « noces contre nature » qui, pour être fécondes, exigent une double émancipation : celle de la paysagéité hors du cadre pictural d’où elle est née en même temps que celle de la dramaticité hors de la matrice aristotélicienne qui l’a forgée.En partant de l’étude du concept de paysage et de l’évolution du genre pictural paysager, la thèse cherche à mettre en perspective la façon dont la paysagéité s’est immiscée dans l’art théâtral. Dans le sillage du concept de pièce-paysage introduit par Gertrude Stein en 1934, l’écriture théâtrale contemporaine, libérée de la nécessité de raconter une histoire, convoque une scène mentale pour une action qui ne peut se projeter que dans l’espace infiniment petit et infiniment grand de la pensée. Cristallisant les intuitions dramaturgiques steiniennes, l’œuvre de Robert Wilson fonctionne comme un prisme à travers lequel s’affirme l’esthétique scénique paysagère: l’homme et sa parole sont décentrés au sein d’un espace qui s’ouvre vers l’horizon. On en trouve l’écho dans une série d’œuvres scéniques contemporaines – Claude Régy, Maguy Marin, Joël Pommerat, Heiner Goebbels, François Tanguy – qui déclinent à leur façon les critères esthétiques d’un spectacle-paysage que le théâtre de Robert Wilson aura permis de forger.Le devenir-paysage de la scène s’accomplit au prix d’un dépaysement du drame et de son spectateur.