Thèse soutenue

Discours et pratiques sur le retour de l’Italie vers le Sénégal : pour une anthropologie de l’échec à l’époque du transnationalisme

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Auteur / Autrice : Giovanna Cavatorta
Direction : Jonathan FriedmanMichela Fusaschi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance en 2014
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Università degli studi (Padoue, Italie)

Résumé

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Le terrain à la base de cette ethnographie s'est deroulé entre 2010 et 2013 dans des quartiers de Pikine et touba, au Sénégal, et à Padova, en Italie; cette thèse porte sur le retour des hommes et des femmes Sénégalais de l'Italie vers le sénégal, un retour qui ne rentre pas dans le cadre d'une migration circulaire mais qui se configure comme un abandon de celle-ci. Il s'agit d'une migration agie principalement par les hommes. Mais aussi par les femmes, dont la majorité appartiennent à la confrérie Sufi de la Muridiyya, dans le cadre d'une culture de la migration qui prescrit le retour du migrant une fois gagné un capital économique suffisant. Le fait d'accomplir cette prescription culturelle est particuliérement entravé suite à la "crise", ici lue comme le déclin du rôle de l'Europe en tant que centre hégémonique dans les dynamiques d'accumulation qui se développent au sein du système mondial. On inscrit donc le rétrécissement des conditions d'accès à l'Europe parmi les conséquebnces de cette décentralisation qui est en jeu; en Italie cela commence à émerger d'une façon notable au début des années 2000. Du point de vue théoretique, on cherche d'abord à re-travailler la notion de transnationalisme, en la mettant préalablement entre parenthèses et en préférant plutôt adopter une perspective qui analyse le champ d'accès à la mobilité, soit pour les personnes qui sont au Sénégal, soit pour celles qui sont déjà en Italie. C'est ainsi qu'on arrive à relever l'existence de géographies engendrées du pouvoir qui conditionnent les mobilités de chacun(e) et ont à voir non seulement avec la gouvernance Européenne de la migration Africaine "non qualifiée" mais aussi avec les positionnements sociaux de genre et d'âge. Si l'issue est de comprendrela migration comme un fait social total (Sayad, 1999), cela implique de saisir simultanément les dynamiques de re-productiond'une société dans le cadre d'un système mondial à travers l'émigration, et chercher à penser le migrant comme (sociale). Ensuite, on se donne l'objectif de comprendre comment se construit une situation d'échec, notamment dans le cadre d'un projet migratoire, sans adopter à priori la notion de réussite comme entrepreunariat cosmopolite des migrants, comme le fait le récit transnationaliste, mais en cherchant à saisirla compléxité des enjeux sociaux qui se cachent derrière le fait de devenir entrepreneur/entrepreneuse. Cela a été fait en explorant les formes d'inclusion conditionnée et d'exclusion sociale que cette situation implique au Sénégal; en d'autres termes le processus de subjectivation/assujettissement qui émerge au moment du retour et de la re-négociation de l'appartenance de la part de ceux/celles qui n'ont pas gagné du capital économique. Enfin, une approche qui problèmatise le rôle structurant du genre et de la génération aussi dans la rencontre ethnographique accompagne ce travail, à partir de l'analyse des re-positionnements réciproques entre la chercheuse, "femme toubab", et ses interlocuteurs et interlocutrices.