Thèse soutenue

Genre et Classe : poétiques gay dans l'espace public de l'Espagne postfranquiste (1970-1988)

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Auteur / Autrice : Brice Chamouleau
Direction : François Godicheau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études ibériques et ibéro-américaines
Date : Soutenance le 24/11/2014
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Marie Franco
Examinateurs / Examinatrices : François Godicheau, Mercédès Yusta Rodrigo, Jesús Izquierdo Martín, María Aránzazu Sarría Buil
Rapporteurs / Rapporteuses : Mercédès Yusta Rodrigo, Jesús Izquierdo Martín

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Pourquoi, si la démocratisation de l’Espagne après la dictature franquiste est exemplaire, les archives judiciaires font parfois état d’une répression contre des subjectivités homosexuelles jusque dans la deuxième moitié des années 1980 à Barcelone ? Si l’on met à distance la mémoire épique des luttes LGBT postfranquistes, d’autres subjectivités sexuelles apparaissent qui refusent de s’identifier à la Constitution de 1978 garante des droits formels des Espagnols. L’étude s’intéresse à la moralisation du répertoire lexical de la démocratisation espagnole et essaie de mettre au jour l’économie morale de la « Transition » démocratique, portée par un sujet théorique, les « classes moyennes ». Elles sont dotées d’un capital symbolique fort alors que l’Espagne entre dans le capitalisme de consommation, dès les années 1960 sous Franco. Si le consensus est le maître-mot de la Transition, tous les Espagnols n’en font pas la même expérience : pour certaines subjectivités gay, c’est une « barbarie institutionnalisée ». Ces voix et leur répression politique, dont l’étude est inédite, permettent de montrer que la « sphère privée », où les sexualités minoritaires sont tolérées avec la Constitution de 1978, s’apparente à une segmentation du sexuel et du social, qui vise à séparer par un usage disciplinaire du « public » et du « privé » ce que des subjectivités politiques homosexuelles faisaient tenir ensemble. Les valeurs morales des classes moyennes de Franco pénètrent les langages de la démocratie, ceux des Droits de l’Homme notamment. Ce faisant, ils immunisent certains sujets et en exposent d’autres à une violence politique oubliée de la « Transition ». L’étude cherche à réviser un des postulats des démocraties occidentales actuelles, qui garantissent des droits fondamentaux comme celui de la « vie privée » : replacé dans son contexte d’énonciation de l’Espagne postfranquiste, il retrouve une intention disciplinaire contre les sujets résistants au consensus démocratique. Poursuivis par l’État, devenus « marginaux » et pour beaucoup perdus dans les années 1980, toxicomanes et prostitués, ils n’ont pas droit aux conquêtes des luttes qu’ils ont incarnées, la libre disposition du corps et des sexualités. Envisagé par une histoire post-sociale des « révolutions sexuelles » des années 1970, le paradigme queer, qui parfois autonomise les sexualités, ne montre pas que tous les sujets n’ont pas eu accès à ce droit moralisé en Espagne. Cette étude discute et historicise ces catégories qui travaillent les logiques de reconnaissance des minorités sexuelles du temps présent.