Thèse soutenue

Machado De Assis et le théâtre

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Auteur / Autrice : Jean-Paul Giusti
Direction : Jacqueline PenjonJosé Antonio Pasta
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : LIttérature brésilienne
Date : Soutenance le 06/12/2012
Etablissement(s) : Paris 3 en cotutelle avec Universidade de São Paulo (Brésil)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur les pays lusophones (Paris)
Jury : Président / Présidente : Myriam Tanant
Examinateurs / Examinatrices : Jacqueline Penjon, José Antonio Pasta, Myriam Tanant, Olinda Kleiman, Cláudia Braga

Résumé

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La dramaturgie fut la première des ambitions machadiennes. Une oeuvre de poète exalté s’il en est, sobrement contenue pourtant, à la fois discrète en surface et bouillonnante en sourdine. Elle s’impose ainsi harmonieusement classique dans sa facture et dans sa tenue. Sur un plateau réduit à sa plus simple expression et dans une trame débarrassée du superflu, Joaquim Maria Machado de Assis confère à la langue théâtrale de ses comédies, une prose poétique et lyrique, une charge nouvelle, faite de vertige, de nervosité, qui déroute et innove dans le paysage esthétique brésilien des années 1860-1870. Sa démarche de dramaturge ne sera guère comprise, voire méjugée, jusqu’à être réduite au silence par l’ensemble de la critique et de l’historiographie du théâtre brésilien du XIXe siècle. Le XXe siècle, à quelques exceptions près, agira de même. C’est ainsi qu’il incombe aux interprètes de porter ce théâtre à la scène, de l’ancrer physiquement et concrètement, sans phrasé affecté ou trop de lyrisme. À cette seule condition, alors, peut-être, pourront sourdre des tempêtes intérieures. Il y a chez cet écrivain, une volonté farouche et affichée de dégager, dans une démarche consciente et mesurée, une synthèse viable pour asseoir durablement la dramaturgie brésilienne de son époque. Tout à l’écriture de ses pièces, il débuta une carrière de critique théâtrale qui hisse l’exercice à un véritable magistère, tant le genre souffrait, avant son passage dans la presse carioca, d’un discrédit et d’un manque de légitimité. Le journaliste, le chroniqueur, livre un corpus hétérogène qui fait de sa critique une activité plus complexe qu’on n’a bien voulu le dire. Elle devient un lieu de tensions paradoxales pour appréhender et penser le théâtre autrement. Partant, Machado – qui n’a pas encore trente ans – conférera à la discipline une autonomie jamais démentie depuis, et confortera sa place sur la scène intellectuelle brésilienne. Cette réflexivité critique, cet engouement pour le théâtre dans toute son étendue, enfin sa maîtrise de l’art dramatique, irradient, contaminent en profondeur l’écriture de ses contes et de ses romans les plus aboutis. Son immense fortune critique, sans contredit, doit tout à l’art du romancier inclassable et indompté – le plus grand prosateur brésilien – qu’il fut et offusque donc, le dramaturge. Il reste que par le théâtre et à travers lui, l’écrivain carioca livre une matière fictionnelle incandescente, labyrinthique, en lien organique avec la matière sociale et historique, en somme, un matériau artistiquement achevé, vibrant, lucidement classique.