Thèse soutenue

Une reconstruction de l'espace-temps : approche croisée des processus de patrimonialisation et de territorialisation dans les territoires ruraux en France et aux Maroc.

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Auteur / Autrice : Nicolas Senil
Direction : Bernard Pecqueur
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 27/09/2011
Etablissement(s) : Grenoble
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Politiques publiques, ACtion politique, TErritoires
Jury : Président / Présidente : Guy Di meo
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Pecqueur, Saïd Boujrouf, Pierre-antoine Landel
Rapporteurs / Rapporteuses : Maria Gravari-barbas, Patrice Mele

Résumé

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Positionné dans le champ de la géographie sociale, ce travail porte sur les formes et les logiques des processus de patrimonialisation engagés dans les territoires ruraux. Il fait l'hypothèse que les acteurs engagent simultanément des processus de patrimonialisation et de territorialisation pour reconstruire une durabilité territoriale. En donnant à l'espace une référence temporelle et au temps une emprise spatiale, ce couple nouveau, à penser ensemble dans un espace/temps refondateur, permet aux sociétés de se réapproprier leur être au monde. Cette thèse s'articule autour de quatre parties. En s'appuyant sur les concepts de patrimonialisation et de territorialisation, la première partie fixe le cadre théorique général en mettant en avant que les rapports au temps et à l'espace ne vont pas de soi. Elle aboutit à la formalisation de régimes d'historicité et de géographicité capables de traduire ces inscriptions sociétales différenciées. Puis, la deuxième partie s'attache à analyser ce fonctionnement autour de deux objets symétriques, la grotte Chauvet et le viaduc de Millau, qui révèlent des processus de patrimonialisation identiques mais inversés. Les modalités de construction de ces deux objets montrent que la patrimonialisation et la territorialisation ne peuvent pas être dissociées et qu'elles se nourrissent mutuellement. Cela met aussi en avant le fait que la construction de l'objet s'accompagne d'une valorisation qui perturbe la lecture non marchande stricte. C'est pourquoi, la troisième partie s'appuie sur la notion de ressource territoriale et à partir d'une définition renouvelée, montre qu'elle permet de dépasser les oppositions classiques, objet/sujet et marchand/non marchand, non opérantes dans le cas du patrimoine. De là, l'horizon de mobilisation de ces dynamiques, le développement durable, est questionné et sa formalisation conceptuelle est critiquée. Le patrimoine devient alors le lieu de construction d'une durabilité territoriale maitrisée. La quatrième partie démontre cela en s'appuyant sur l'analyse du couple patrimoine/territoire dans la mise en œuvre de politiques publiques de développement, au sein de contextes culturels différenciés, les Pôles d'Excellence Rurale français et les Pôles d'Economie du Patrimoine marocains. Cela amène à conclure à la nécessité de reconsidérer le développement durable selon une approche pragmatique et non normative, la seule capable de suivre les dynamiques actuelles de réappropriation de l'espace et du temps. Au final, dans un contexte sociétal marqué par des préoccupations fortes en matière de durabilité, cette thèse permet d'apporter une réflexion inédite sur les interactions contemporaines entre patrimoines et territoires, en testant leur fonctionnement dans des rapports distincts à la modernité.