Thèse soutenue

La situation économique et sociale du Tchad de 1900 à 1960

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Auteur / Autrice : Abdoulaye Abakar Kassambara
Direction : Michel Hau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire économique et sociale
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Strasbourg

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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A la fin du XIXe siècle, la région du Tchad n’était pas encore sous l’influence des puissances colonisatrices européennes de l’Afrique. Elle exerça ainsi des fortes attractions sur celles-ci pour des raisons diverses qui sont d’ordre plus stratégique qu’économique pour la France. Le processus de sa conquête engagé dès 1900 par cette dernière fut lent et difficile à causse de la résistance marquée des sultanats et des royaumes locaux. Il abouti, toutefois, à l’altération de ses structures économiques traditionnelles précoloniales. Le pays fut soumis ainsi de 1900 à 1920 à l’administration militaire, qui, par une organisation rigide et par une vassalisation systématique des chefs locaux, était parvenue à développer une politique fiscale basée essentiellement sur l’impôt de capitation et les autres taxes coloniales. Le Tchad fut transformé artificiellement en colonie rentable sans investissement préalable, mais dépourvu de toutes structures économiques et sociales de base. Pourtant, cette politique fiscale avait permit de constituer d’énormes excédents budgétaires, qui furent transformés en fond de réserve pour les restes du budget de territoires de l’A. E. F au détriment de la mise en valeur du Tchad qui devint le parent pauvre de la confédération. C’est l’émergence d’un courant économique en évolution permanente avec le Nigeria et le Soudan Anglo-Egyptien à la fin de la première guerre mondiale qui permit d’insuffler une intense activité économique dans le pays grâce au commerce du bétail et de ses dérivés dominé par des commerçants locaux. L’orientation des courants économiques du Tchad vers ces deux colonies anglaises voisines aux dépens de la Métropole au cours de l’entre deux guerres suscita de vives inquiétudes au seine des autorités coloniales locales et fédérales, qui craignaient une intégration irréversible du pays dans l’économie anglaise. Dès lors, il fallait développer une culture de rente pour amorcer la mise en valeur du Tchad d’une part et réorienter son système de transports d’autre part ; ce fut l’introduction de la culture obligatoire du coton au milieu des années 1920. Mais jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, son développement se heurta aux problèmes de voies et moyens de communication et aussi au refus des populations de s’adonner normalement à cette culture à cause de son immixtion dans le calendrier agricole traditionnel et du faible revenu qu’elle leur procurait, suffisant à peine au paiement de l’impôt de capitation. Par son importance géostratégique et étant le premier territoire de l’Afrique à rallier la France libre ; la colonie du Tchad se trouva en première ligne dans le grand conflit mondial. Dès lors, le territoire du Tchad qui faisait longtemps pâle figure au sein de la confédération d’A. E. F devint un foyer ardent dans lequel convergeaient les énergies et les moyens des forces alliées. Le pays trouva donc dans cette guerre un moyen inusité pour combler son retard tant au point de vue de moyens de la communication que sur le plan économique. A la veille de la fin de la seconde guerre mondiale, les dignitaires de France libre avaient concédé aux populations de colonies françaises en Afrique lors de la conférence de Brazzaville 1944 une certaine libéralisation politique et adoptèrent une nouvelle politique économique et sociale envers les colonies. Ce nouvel élan se caractérisa au Tchad par un investissement accru dans la production et l’usinage du coton. De ce fait, il est devenu le premier producteur du coton dans les colonies françaises en Afrique. Et aussi dans le secteur de l’élevage par l’action vétérinaire et par des aménagements hydrauliques. Dans le même temps, l’essentiel de dotation avait été orienté vers les voies de communication stratégiques. Elles devaient servir essentiellement à l’évacuation cotonnière. La mise en œuvre des transports aériens, tout en rapprochant la Métropole, donna une impulsion au commerce de viande en lui ouvrant de nouveaux débouchés. L’amélioration des transports terrestres et aériens permit en outre aux maisons de commerce de monopoliser le commerce extérieur du Tchad. Cette évolution rapide et brusque avait orienté la trajectoire économique du Tchad vers la France qui était restée longtemps ancrée vers l’orient, puis vers les colonies anglaise de Nigeria et du Soudant anglo-égyptien. Elle permit aussi l’apparition des nouvelles classes sociales et des villes tentaculaires dans lesquelles émergèrent de nouveaux modes de vie.