Thèse soutenue

Identifications étrangères : une analyse des chorégraphies "Ce dont nous sommes faits" et "Incarnat" de Lia Rodrigues et "Sécheresse et pluie" et "Requiem" d'Ea Sola

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Auteur / Autrice : Mattia Scarpulla
Direction : Marina NorderaMichel GuérinAlessandro Pontremoli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts. Danse
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Nice

Mots clés

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Résumé

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Les chorégraphies de Lia Rodrigues et d’Ea Sola soulèvent des discours politiques et identitaires. Ce dont nous sommes faits (2001) et Incarnat (2005) de Lia Rodrigues représentent le rapport de la compagnie à l’état-nation brésilien, et plus particulièrement à ses jeunesses et à la société de la favela. Des corps nus concentrent l’attention du spectateur sur leur chair, sur une organicité en modification au-delà d’une identité humaine. Des corps habillés comme dans la vie quotidienne introduisent des actes de douleur et des images médiatiques violentes. Sécheresse et Pluie (1995) et Requiem (2000) d’Ea Sola racontent la relation de la chorégraphe avec la mémoire du Vietnam, sa terre natale. Des corps âgés, des sonorités ‘traditionnelles’, des corps désarticulés, des conflits légendaires, sont des traces de deuil poétiques sur une histoire d’un état-nation construite selon les conventions occidentales. Ea Sola joue avec ses identités françaises et vietnamiennes, déconstruit et mêle des identités scéniques. Le chercheur observe le phénomène culturel dansé et le décrit. Comment une théorie prend-elle forme ? pourquoi ? Au travers de ces quatre chorégraphies, le chercheur compose une autocritique de l’analyse épistémologique, entrecroisant ses propres identités sociales, il ouvre ses recherches sur son passé culturel et intime, sur d’autres univers chorégraphiques, et sur des théories politiques et esthétiques, et se confronte ainsi aux dérivées ethnocentriques de la théorie en danse. Des figurations de l’étranger surgissent sur scène, dans des corps qui modifient continuellement leur image humaine, mythique, animale et organique. Dans l’analyse, l’étranger est ici entendu comme immigré, comme intrus, être déviant. Des « identifications étrangères » naissent comme élément d’un processus théorique pour aborder les figurations de l’autre en danse, obligeant aussi à déplacer le regard du chercheur.