Thèse soutenue

Pouvoir tout raconter : poétique de la narration, figure du narrateur et métaphore comme outil narratif : étude comparée des romans Levins Mühle et Litauische Claviere de Johannes Bobrowski et Solibo Magnifique et L'esclave vieil homme et le molosse de Patrick Chamoiseau

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Auteur / Autrice : Milena Fučíková
Direction : Alain Michel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature générale et comparée
Date : Soutenance en 2010
Etablissement(s) : Aix-Marseille 1
Partenaire(s) de recherche : autre partenaire : Université de Provence. Faculté des lettres et sciences humaines (1969-2011)

Résumé

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En quoi les textes romanesques dépassent les classifications traditionnelles de la narratologie structuraliste ? Comment se construit la figure du narrateur ? Quel est le rôle fonctionnel de la métaphore pour la narration ? Telles sont les questions qui structurent notre réflexion. Ce travail est consacré à l'étude comparée de la notion du narrateur dans l'oeuvre romanesque de Patrick Chamoiseau : Solibo Magnifique (1988), et L'esclave vieil homme et le molosse (1997) et de Johannes Bobrowski : Levins Mühle (1964), Litauische Claviere (1966). Il aboutit à deux conclusions. D'une part, la comparaison de deux oeuvres romanesques différentes, l'une écrite en français et l'autre en allemand, met en évidence que "l'oralité" transposée et mise en scène dans un texte romanesque fonde un mode de narrativité originale et mouvante. D'autre part, la notion du narrateur permet non seulement une mise en scène d'une figure de l'autoréfléxivité de l'auteur, mais surtout une personnification d'un discours pluridimensionnel qui vise à explorer l'expérience humaine au monde dans sa relativité et sa pluralité. En ce sens, la métaphore devient ainsi un outil principal de narration. Pour Johannes Bobrowski, les images du mouvement fonctionnent comme une métaphore de réflexion sur sa propre narration. De façon similaire, les images de la métamorphose chez Patrick Chamoiseau sont au centre des réflexions sur sa propre poétique narrative. Du point de vue théorique, la question centrale est celle de la mise en épreuve du modèle narratologique structuraliste représenté par les travaux de Franz K. Stanzel, de Gérard Genette, Tzvetan Todorov et les formalistes russes. De plus, cette thèse est aussi une relecture des théories romanesques de Milan Kundera. Ce travail montre une double nécessité : 1) celle d'exploiter la notion de "mouvement" et de "métamorphose" comme base essentielle de la narration ; 2) celle des romanciers contemporains de "raconter" par la transposition romanesque ce qui reste "irracontable" ailleurs, car l'art du roman est avant tout un art humaniste.