Thèse soutenue

L'antiaméricanisme dans la gauche socialiste française depuis 1945

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Auteur / Autrice : Jennifer Fuks
Direction : Hugues Portelli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Paris 2

Mots clés

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Résumé

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L'antiaméricanisme, selon le professeur Philippe Roger "est un étrange sentiment d'attirance répulsion". Notre travail cherche à savoir s'il existe un antiaméricanisme au sein de la gauche socialiste française et, si oui, s'il est structurel ou simplement stratégique. Nous démontrons dans une première partie, qu'il existe, à partir de 1945 au sein de la gauche socialiste française un antiaméricanisme structurel et minoritaire influencé par celui d'un grand frère devenu puissant, le parti communiste français. Cet antiaméricanisme socialiste est mu par un phénomène cyclique, ce qui le rend plus ou moins fortement exprimé au sein du parti. Des pics d'antiaméricanisme traduisent une tension permanente entre un pro atlantisme de nécessité et l'opposition à toute remise en cause de l'orthodoxie socialiste qui atteste de l'appartenance à la grande famille de la gauche française. Nous verrons qu'en 1970, l'avénement d'un nouveau phénomène: l'officialisation d'un antiaméricanisme stratégique. Aisni, dans une seconde partie, nous montrons que l'ère Mitterrandienne va faire naître un antiaméricanisme tactique et officiel au sein du nouveau parti socialiste. Dans une logique d'interconnexions structurelles, nous révélons que l'officialisation du discours antiaméricain interagit avec les évolutions des techniques de communication, institutionnelles, électorales, sociétales et historiques de l'époque. Beaucoup plus puissant car médiatisé, cet antiaméricanisme de discours a une vocation majoritaire et se sert de l'antiaméricanisme structurel d'une minorité comme vivier. L'antiaméricanisme socialiste devient un antiaméricanisme de discours qui tend à affaiblir le parti communiste français et à entrer en corrélation avec le contexte historique et les aspirations d'une nouvelle génération de français. Enfin, dans une troisième partie, après avoir remarqué la construction d'un antiaméricanisme "pluriel" stratégique mal maîtrisé, nous aborderons la crise que traverse désormais les socialistes français qui ont finalement accepté le capitalisme tout en refusant de revoir leur doctrine structurelle. L'antiaméricanisme devient donc une sorte de palliatif à l'abandon d'une des valeurs de fond de la doctrine socialiste. Dans une optique d'écosystème politique nous montrerons que la montée en puissance de l'extrême gauche française, comme à l'époque du PCF, va structurer un discours antiaméricain dans la gauche socialiste française en crise. Nous prouverons enfin, à la lumière de la crise de 21 avril 2002, que le PS doit aujourd'hui être amené à savoir si l'usage stratégique de l'antiaméricanisme pour conserver une identité, est une solution durable au 21éme siècle. Nous verrons que les réponses des socialistes sont encore en suspens.