Thèse soutenue

Fluctuations démographiques au cours du cycle de vie du CaMV (Cauliflower mosaic virus) : estimation de la taille efficace des populations virales lors de la colonisation des feuilles de la plante hôte, évaluation de la multiplicité d'infection cellulaire au sein de ces feuilles et estimation de la taille des goulots d'étranglement lors de sa transmission d'hôte à hôte par vecteur

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Auteur / Autrice : Baptiste Monsion
Direction : Stéphane Blanc
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie des populations et écologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Montpellier 2

Résumé

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Le CaMV (Cauliflower mosaic virus) est un virus de plante à ADN double brin transmis par des pucerons. Comme pour tous les virus avec un taux de mutation élevé, les larges fluctuations démographiques au cours du cycle de vie sont supposées avoir un fort impact sur l'évolution de la valeur sélective, du fait de la dérive génétique intense, et des effets associés du cliquet de Muller. Pourtant, de telles données démographiques sont rares. Afin de suivre l'évolution des populations de CaMV nous avons construit 6 clones infectieux contenant chacun un marqueur génétique distinct à un même locus. Nous avons développé une nouvelle méthode d'analyse : Quantitative Single-letter Sequencing (QSS) permettant de déterminer leur présence/absence et de suivre l'évolution de leur fréquence au sein d'une plante infectée. Tout d'abord, nous avons évalué la taille efficace des populations de CaMV durant l'invasion de l'hôte : plusieurs centaines à plusieurs milliers de génomes sont à l'origine de la colonisation de chaque feuille au cours de l'infection systémique. La diversité virale, au sein des populations du CaMV, est en conséquence distribuée de manière très homogène dans toutes les feuilles infectées de l'hôte. Cette évaluation est surprenante puisqu'elle est 10 à 100 fois supérieure à ce qui a été estimé auparavant chez tous les phytovirus étudiés. Elle démontre ainsi que la très faible taille efficace de population, et donc les larges fluctuations démographiques durant le cycle d'infection in planta, ne sont pas une règle générale chez les virus de plante. Ensuite, nous avons déterminé la multiplicité d'infection cellulaire naturelle (MOI, multiplicity of infection) qui se définit ici comme le nombre moyen de génomes qui pénètrent dans (et infectent) chaque cellule de l'hôte. Cette étude est inédite dans le sens où ce paramètre n'avait jamais été établi chez un virus de plante, et où nous avons montré pour la première fois que la MOI n'est pas une constante mais qu'elle augmente au fil du développement de l'infection pour atteindre un plateau, à une valeur proche de 7 dans le cas du CaMV. Cette valeur est très élevée ; elle dépasse amplement les données disponibles dans la littérature, quelle que soit l'espèce virale considérée. Des indices indirects semblent notamment suggérer que la MOI d'autres espèces de phytovirus puisse être très faible. Les causes et/ou conséquences de ces comportements contrastés (MOI forte ou faible) sur la biologie du virus représentent un champ de perspectives considérable pour l'équipe dans les années à venir. Enfin, à l'aide de la technique d'EPG, nous avons contrôlé le comportement alimentaire des pucerons vecteurs, et évalué l'impact de ce comportement sur le goulot d'étranglement induit sur la population virale lors de la transmission