Thèse soutenue

Poétique du lieu dans l'œuvre de Charles-Ferdinand Ramuz, Jean Giono, et Julien Gracq

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Auteur / Autrice : Marie-Jeanne Mathelet-Carle
Direction : Michel Viegnes
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises. Imaginaire
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Grenoble 3

Résumé

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La notion de lieu en tant qu'espace qualifié, sacralisé, est au cœur de l'imaginaire de trois grands auteurs d'expression française du vingtième siècle : Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947), Jean Giono (1895-1970) et Julien Gracq (1910-2008). Si le sublime du lieu numineux apparaît dans leurs œuvres comme une épiphanie portée par une écriture de la "polysensorialité", il n'en ouvre pas moins la voie à une révélation de l'altérité. Se pose dans l'écriture la question d'une forme de l'espace et de l'individu "déformés" par les traumatismes du vingtième siècle, et de leur résilience possible. Chaque écrivain joue ainsi sa propre partition de cette tentative de réenchantement du monde. La poétique du lieu traverse les œuvres de ces trois écrivains tout en transcendant les genres. Parce qu’elle est une valeur fondamentale, elle est le fil qui relie leurs diverses formes d'écriture pour esquisser une géographie intime, celle de l'imaginaire, opérant ainsi le passage du génie du lieu au génie de l'écriture. Cependant, cette numinosité du lieu n'est possible que parce que le lieu se conçoit comme ontologiquement indépendant. Essentiellement définie par la matière qui lui donne sa forme, elle joue avec la notion d'"artialisation" et déjoue la mimesis pour tenter de rétablir un lien entre l'homme et sa capacité d'"habiter" le monde. Cette poétique se nourrit d'une "projection inverse", c'est-à-dire du sentiment de l'éphémère vécu par la "plante humaine" comme une mesure de la "Taille de l'homme", échelle de valeur nécessaire pour faire "chanter le monde".