Thèse soutenue

Censure et politique de l'image

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Marc Babonnaud
Direction : Jérôme Laurent
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Caen
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures, cultures et sciences sociales (Caen....-2011)

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR

Contrairement à une idée reçue, la censure n’a pas disparu de l'horizon politique avec l'avènement, puis le développement des régimes démocratiques. Il existe toujours une censure, qui est spécifique à l'image. Nous disons une censure de l'image et non une censure des images, car on ne saurait la réduire à une censure d'informations, qui seraient sensibles dans un contexte politique donné. C'est la nature même de l'image qui est problématique dans la censure dont nous parlons et, à travers elle, nous voudrions montrer en quel sens la politique a à voir avec l'image. Car, de Platon à Rousseau, la politique entretient une relation conflictuelle avec elle, qu'elle soit pensée sur le mode de l'imitation ou sur celui de la représentation. A chaque fois, l'image met en jeu une forme, un processus de formation, qui est également au travail dans la construction de la communauté politique. L'élaboration de la cité suppose l'imitation d’une forme, qui doit demeurer toujours active pour que la cité continue d'exister. Une déformation, une faille dans la forme et l'imitation échoue, avec pour conséquence l'effondrement de la réalité politique. C'est le même travail de recherche d'une forme qui pérennise l'image, que les artistes poursuivent. Le goût lui-même atteste de cette prégnance de la forme dans le regard que nous portons sur les images : nous détestons les images qui rappellent aux hommes la faiblesse de leur propre condition. Plus encore, nous détestons les images construites sur ce qu'il y a de moins solide, de moins résistant et de plus faible en l'homme. Le goût ne nous semble pas tant une affaire de sujets traités, qu'une question renvoyant aux affects mobilisés et suscités par les images. Nous l'avons noté, les images se construisent selon un processus analogue à celui de la cité ; et pourtant, elles apparaissent fréquemment comme ce qui, par nature, la menace. Ce paradoxe d'une image que le politique rêve d'excommunier, mais dont elle ne parvient jamais à enrayer le développement, voire dont elle fait un modèle de son propre processus, nous paraît essentiel pour comprendre qu'il existe des politiques de l'image