Thèse soutenue

John Kenneth Galbraith, acteur et libre interprète du keynésianisme

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Auteur / Autrice : Stéphanie Laguérodie
Direction : Pierre Le Masne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance en 2007
Etablissement(s) : Université de Marne-la-Vallée (1991-2019)

Résumé

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Cette thèse s’intéresse à la place de John Kenneth Galbraith dans l’histoire de la pensée économique, avec le souci de comprendre son éclipse mais aussi la persistance et l’actualité de certains de ses thèmes et analyses. Nous montrons que la place particulière que Galbraith y a occupé tient à sa conversion et son adhésion, contrairement à d’autres institutionnalistes américains, à la théorie keynésienne, tout en ayant eu de cesse de la « dépasser ». Nous présentons Galbraith comme une figure (acteur) du keynésianisme américain du 20ème siècle mais une figure en marge de celui-ci (interprète) et dont le projet économique ne s’est pas réalisé. La problématique se situe donc dans une tension entre deux propositions : Galbraith est un acteur du keynésianisme américain car il s’est converti à la théorie de Keynes dans ce qu’elle présentait de nouveau par rapport à l’analyse néoclassique et Galbraith a agi dans la sphère politique en faveur de l’adoption de politiques d’inspiration keynésienne ; mais il a sans cesse, dans le même temps, contesté les hypothèses du bon fonctionnement microéconomique des marchés de la théorie néoclassique, qu’il reprochait à Keynes d’avoir implicitement acceptées, ce qui l’a placé en marge du courant dominant du keynésianisme américain de l’après-guerre (le keynésianisme de la synthèse). Cette problématique est développée dans le cadre du contexte historique de l’influence du keynésianisme sur la politique économique américaine entre les années 1930 et 1980. Il s’agit ici de situer la pensée de l’auteur dans la perspective plus large de l’histoire des idées et de l’histoire des faits économiques de son pays. Trois périodes ont été distinguées : celle de la faible influence sur la politique économique (décennie 1930 et la guerre) malgré une influence académique croissante, celle de l’acceptation croissante du principe de soutien de la demande même par des gouvernements dits conservateurs (années 1950-Eisenhower) et de l’influence maximale avec les présidences de John F. Kennedy et de Lyndon B. Johnson, celle enfin du recul de l’influence devant la montée des difficultés macroéconomiques (inflation, faible croissance). Les positions de Galbraith sont présentées pour chacune de ces périodes et situées par rapport aux autres keynésiens, notamment le « consensus keynésien » représenté par les keynésiens de la synthèse (Paul Samuelson, James Tobin, Robert Solow). Nous montrons comment les positions de Galbraith en matière de choix de politique économique sont expliquées par sa grille d’analyse théorique du fonctionnement des marchés et ses choix éthiques. Nous posons alors la question de la portée actuelle des analyses critiques et normatives galbraithiennes dans le contexte d’une théorie keynésienne éclatée, mais qui met en son cœur l’étude des défaillances du marché. Nous montrons que si l’héritage académique de Galbraith est faible dans les courants de la théorie économique actuelle, les thèmes qu’il met en avant pour expliquer le fonctionnement des économies et qu’il juge insuffisamment pris en compte (voire pas du tout) par la théorie économique récente présentent une grande actualité