Thèse soutenue

Le juge face à la désobéissance civile en droits américain et français comparés

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Auteur / Autrice : Sophie Turenne
Direction : Camille Jauffret-Spinosi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit
Date : Soutenance en 2005
Etablissement(s) : Paris 2

Résumé

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Selon une définition consensuelle, la désobéissance civile constitue un droit moral à la désobéissance. Elle trouve ses origines dans la philosophie américaine du XIXe siècle. L'explosion du droit des droits de l'homme en droits américain, européen et français, invite aujourd'hui à redéfinir le sens et la portée, en droit, de la désobéissance civile. Au nom des droits fondamentaux, la désobéissance civile remet en question l'interprétation d'une norme juridique dans le cadre d'une législation ou d'une jurisprudence controversée. Le geste est public, non-violent et suppose l'acceptation de la peine encourue. La force de la désobéissance civile contemporaine tient dans son dévoilement d'un " cas difficile ", soit un droit obscur, antinomique ou incomplet, soumis aux dissensions des juges sur la solution juridique correcte. Ainsi, les opposants à l'avortement persistent à invoquer la nécessité de leurs actions d'entrave à l'IVG au nom du droit à la vie. Sur les sujets controversés comme celui-ci, la Cour suprême américaine se fait l'écho d'un ensemble d'injonctions morales et politiques. Par opposition, le discours de la Cour de cassation, gomme la part politique et morale de l'interprétation, sans éviter la critique d'un effacement trop grand du débat judiciaire. La désobéissance civile fait apparaître la tension irréductible entre un pouvoir judiciaire d'interprétation partiellement normatif et l'assujettissement de ce pouvoir à la loi. Etudiée sous l'angle de l'interprétation juridique, la désobéissance civile fait ressortir l'opportunité de justifier, de façon visiblement détaillée, le principe qui a fondé la solution de la Cour suprême et de la Cour de cassation.