Thèse soutenue

La voix dans l'oeuvre romanesque de Claude Simon : la transparence et la frontière

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Auteur / Autrice : Marie-Albane Rioux-Watine
Direction : Georges Molinié
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Résumé

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Alors que le structuralisme la promeut comme premier sujet du texte, la parole est sans cesse empêchée chez Claude Simon. A travers l'analyse systématique des " bruits " qui affectent les divers postes communicationnels, on verra que certaines frontières intersubjectives et linguistiques coexistent avec un fantasme de rapport direct qui se jouerait du détour sémiotique. Or la transparence a pour modèle la voix vive : se dessine alors l'image d'un écrivain phonocentriste (Derrida), qui renie l'écriture et donne la voix comme moyen d'une communication parfaite, sans procuration de signe. Le texte se doit dès lors d'inscrire celle-ci en son tissu, par les artifices du discours rapporté et des descriptions de voix. L'étude systématique du DR indique une constante oscillation entre l'indexation hétérogénéisante et l'inclusion fusionnelle de l'altérité vocale. Un étiolement de la voix résulte d'autre part des descriptions, qui compromettent la position énonciative dans son lien au moi et au présent immédiat. L'analyse des adjectifs indiciaires dénote enfin une aporie de la voix propre, fondue dans une atopique rumeur. La coexistence entre le " décharnement " d'une voix qui a perdu ses contours et la transparente circulation vocale se répète au niveau des descriptions de la bouche parlante : organe heuristique qui ouvre le corps, elle travaille aussi à l'évidement du sujet. Dans sa tentative d'accès direct au corps et au monde, elle rend tout langage caduc, et par là invalide la possibilité du rapport à l'externe. C'est paradoxalement l'existence d'une frontière qui rend un rapport possible, et la voix close qui permettrait la transparence.