Thèse soutenue

Territoire politique et identités autochtones-spatialités en mutation : le cas de la communauté inuit des îles Belcher au Nunavut (Canada)

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Auteur / Autrice : Johanna Gobit
Direction : Jean-Pierre Augustin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Bordeaux 3

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le 1er avril 1999, le Canada redessinait ses frontières intérieures en entérinant la création d'un troisième Territoire : le Nunavut. Issu de près de 30 années de négociations, le Nunavut est aujourd'hui un territoire identitaire, non ethnique, peuplé à 85 % par les Inuit qui conduisent leur propre politique Pour comprendre la manière dont ils ont construit le Nunavut, le vivent et le rêvent, une réflexion à la fois conceptuelle, épistémologique et méthodologique s'est imposée. Nous avons été amenée à repenser les méthodes de recherche habituellement utilisées, ainsi que certains concepts fondamentaux de la géographie occidentale, comme celui de territoire. En accédant à une forme de territoire politique les Inuit ont en effet dû concilier leur conception du territoire, fondée sur une cosmogonie où la Terre est génitrice, avec celle véhiculée par le modèle idéologique occidental. Le territoire politique du Nunavut, en reconnaissant le droit des hommes sur la Terre, bouleverse les fondements de la spatialité inuit. En choisissant d'appartenir au Nunavut, allant à l'encontre de ses réseaux sociaux et spatiaux, la communauté inuit des îles Belcher, a exprimé une identité spatiale essentielle, liée au territoire fondateur des baies James et Hudson. Cet exemple montre que la création du Nunavut a permis l'expression d'une spatialité fondatrice, rendue possible grâce à la manière dont les dirigeants inuit ont négocié avec le pouvoir fédéral en injectant, à chaque étape des négociations, leurs propres valeurs culturelles. Le Nunavut matérialise l'ajustement d'un modèle territorial occidental par une idéologie spatiale autochtone.