Thèse soutenue

Kumārajīva (env. 344-413) : conseiller des princes, traducteur et instigateur d'une orthodoxie bouddhique en Chine

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Auteur / Autrice : Sylvie Hureau
Direction : Catherine Despeux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, littératures et sociétés. Chine
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Paris, INALCO

Mots clés

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Résumé

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L'histoire de Kumārajīva, moine originaire du royaume de Koutcha, qui fut exilé en 401 à Chang'an où il termina sa vie comme maître et traducteur, s'est cristallisée autour de la figure du traducteur dont les œuvres ont permis l'éclosion de quelques grandes écoles bouddhiques. Cependant, au sein d'une étude plus générale sur le bouddhisme au nord de la Chine à l'aube du Ve siècle, Kumārajīva apparaît comme un maître aux talents multiples dont l'un des rôles fut de transmettre une liturgie en vigueur à Koutcha et de l'implanter sur le sol chinois. En effet, sa renommée et le tournant qu'il marqua dans l'histoire du bouddhisme ne se réduisent pas à l'introduction de nouveaux textes ni au talent avec lequel ils furent traduits, mais résultent d'autres facteurs. En cherchant des indices dans ses biographies, quelques lignes de force se dégagent : dès sa jeunesse, qu'il passa en Asie centrale, il aurait été un maître vainqueur des courants hérétiques, un excellent prédicateur et un familier des monarques. Un rappel des données sur la situation du bouddhisme dans les contrées d'Asie centrale effectué en compilant les indications des pèlerins et des annales historiques, apporte non seulement la confirmation de la pénétration du bouddhisme dans les milieux royaux des contrées bouddhiques, de Koutcha à Ceylan, mais aussi des indications sur le faste et l'importance des cérémonies auxquelles participaient les souverains et leurs familles. En étudiant les indications rapportées dans les préfaces des traductions que Kumārajīva fit à Chang'an, il apparaît que celui-ci procéda à des prédictions-traductions devant des auditoires composés de moines et de laïcs, parfois membres de la famille royale, lors des journées du rituel de jeûne bouddhique (poṣadha) et que quelques unes de ses plus grandes œuvres, le Dapin jing, le Da zhidu lun, le Xiaopin jing, le Weimojie jing, le Siyi jing et le Fahua jing furent traduites selon une alternance de jours de prédication publique et de jours de retraite que les scribes mettaient à profit pour rédiger les textes en mettant au propre les notes qu'ils avaient prises lors des séances de prédication. Du parallèle évident entre la pratique de Kumārajīva et les descriptions des pèlerins à la même époque, on peut déduire que Kumārajīva appliqua en Chine une pratique qui était courante à cette époque dans les pays bouddhiques