Thèse soutenue

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Auteur / Autrice : Susanne Ditschler
Direction : Almuth GrésillonJoseph Jurt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres, sciences humaines et sociales
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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Ce travail pose la question de la relation entre écriture et vie à un texte d'un genre nouveau : l'avant-texte (les états de texte précédant un texte imprimé) permet une approche qui met en son centre, non pas l'écrit mais l'écriture, non pas le produit mais la production, non pas le définitif mais ce qui est, le temps de l'écriture, toujours en mouvement. Pour l'écrivain Elsa Triolet et son roman "Le Rossignol de l'aube" (1970), dont j'ai établi, classé et transcrit l'avant-texte, la relation entre vie et écriture se révèle particulièrement dense. Les brouillons et leur récit de genèse ont permis de répondre à des questions précises que j'ai posées à ce corpus: Quelles relations montrent les manuscrits de travail entre le sujet écrivant et le sujet d'écriture ? Comment le "je" fortement autobiographique au départ de la genèse du texte se transforme-t-il en un "je" littéraire ? Quels phénomènes et stratégies peut-on discerner dans la mise en fiction de l'autobiographique chez Elsa Triolet ? La première partie du travail dégage la relation de Triolet à l'écriture. S'ensuit une présentation de la critique génétique sous un angle historique et technique. Cette partie se termine par une discussion sur la présence de l'auteur dans ses manuscrits. Pour Triolet, nous pouvons constater le lien visiblement identitaire qu'elle tisse avec ses manuscrits. Après une présentation et une analyse brèves du texte définitif, je présente l'avant-texte dans son intégralité. Le questionnement autour de l'inscription et de la transformation de l'être s'appuie dès lors sur ce lieu intime de l'écriture qu'est le manuscrit de travail. Le chiasme entre la personne qui écrit et celle qui s'écrit s'ouvre vers une troisième personne, celle qui est écrite. Ses trois positions de sujet, toutes nourries par l'autobiographique, entrent dans une interaction significative. La subjectivité propre à Elsa Triolet considérée en tant que personne se trouve intégrée dans le futur roman parfois mot à mot, parfois avec des renversements ou des changements qui semblent tenter d'explorer un autre "possible" de l'événement vécu à travers la réalisation des "possibles du texte". Dans les dernières pages manuscrites, interrompues par la mort de l'auteur, Triolet tente de rouvrir encore une fois le déjà-écrit, refusant de se perdre dans la fixité du texte écrit. C'est néanmoins cet écrit qui nous permet de la trouver.