Thèse soutenue

Formes et usages du passé : Grenoble en ses après-guerre (1944-1964)

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Auteur / Autrice : Philippe Barrière
Direction : Yves Lequin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Lyon 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Après avoir pris le temps de longuement présenter les enjeux épistémologiques et méthodologiques qui le structurent, ce travail tente d'évaluer le poids que pèse dans la région grenobloise, sur le temps d'une génération (1944-1964), la mémoire de cette situation historique extrême que fut la Deuxième Guerre mondiale. Une première partie permet de comprendre que c'est indiscutablement la brève séquence chronologique de la Libération (1944-1946) qui fournit la matrice de la gestion du souvenir public pour l'ensemble de la période considérée. Ces deux années voient en effet la Résistance s'imposer comme la principale instance d'organisation mémorielle : c'est elle qui décide de ce qui est mémorable. Nous avons ensuite tenté une évaluation globale de ce que sont les formes de la mémoire : le rituel des cérémonies commémoratives est par exemple étudié dans toute sa subtile alchimie, ainsi que les traces lapidaires du souvenir, qui tissent dans la région un dense et complexe réseau de mémoire. A travers l'étude de quatre "isolats mémoriels" locaux (la mémoire de la Résistance, divisée à partir de 1947 ; le "cas" Vercors ; la mémoire juive grenobloise ; les "malmémoires", parmi lesquelles la mémoire noire de la Collaboration), une troisième partie cherche à mesurer l'importance politico-culturelle que conserve a posteriori la dernière guerre. La conclusion générale entend avant tout baliser le terrain d'un futur travail, qui s'intéresserait à l'évolution de la mémoire grenobloise de la Deuxième Guerre mondiale depuis 1965 jusqu'à nos jours en posant trois questions. La mémoire de la Résistance est-elle le dernier avatar d'une identité culturelle grenobloise spécifique ? La Résistance est-elle, comme nous inclinons à le penser, cet horizon politique et moral indépassable pour nombre de Grenoblois engagés dans les débats politiques les plus contemporains ? Localement, quelle place ménage à la Résistance la politique actuelle de gestion culturelle du souvenir historique ?