Thèse soutenue

De la sénilité à la sérénité : lectures de Schopenhauer par Machado de Assis et Italo Svevo

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Auteur / Autrice : Florent Kohler
Direction : Pierre Brunel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Cette thèse a pour objet l'étude des œuvres maitresses de Machado de Assis (Memorias P. , Quincas B. , Dom C. , Esau E J. , Memorial de A. ) et d'Italo Svevo (Vita, Senilita, Coscienza, Vecchione), à la lumière de la philosophie de Schopenhauer. Elle inclut de brèves analyses d'œuvres de Conrad, de Kafka et de Proust. Nous déterminons trois sphères - sénilité, réalité, sérénité - qui sont trois modalités des rapports entretenus par la conscience et le monde d'une part, la conscience et la volonté d'autre part. La sénilité se caractérise par un décalage entre la conscience et la volonté au sein de l'individu. Les protagonistes des trois romans de Svevo et des trois premiers romans de la maturité machadienne entretiennent une défiance à l'égard de la réalité, domaine du désir et de la souffrance, ce qui les amène à adopter une stratégie de retrait. Dans la sphère de la réalité gravitent la plupart des personnages secondaires, commerçants et politiciens dont le trait principal est la subordination de leur conscience, donc de leur perception, à leurs intérêts immédiats, dictés par l'égoïsme. L'absurde nait de la disproportion du désir qu'ils assument temporairement, avec le fond désirant, éternel : la volonté. Le seul lien essentiel unissant les individus discerne à ce stade est celui de la compassion, la pitié schopenhauerienne, un rapport à autrui qui n'est pas fondé sur l'égoïsme. La sphère de la sérénité est celle de l'apaisement qui suit l'expérience dépassée. Zeno devenu vieillard et le conseiller Aires, observent le réel en s'efforçant de n'y plus prendre part. De la gratuité de leur contemplation jaillit la connaissance, qui n'est autre que la volonté prenant conscience d'elle-même, fondement de l'esthétique schopenhauerienne. Liberté est alors offerte à la volonté de s'affirmer ou de se nier. Les ultimes notations de Zeno et le dernier récit d'Aires indiquent qu'en eux le désir a laissé place au "sujet connaissant pur", la conscience délivrée de la volonté.