Thèse soutenue

Les avatars de l'héritage durkheimien : une histoire de la sociologie en France (1920-1958)

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Auteur / Autrice : Jean-Christophe Marcel
Direction : François Gresle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1997
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Le devenir de sa sociologie après la mort de Durkheim n'est pas l'inexorable déclin que certains ont décrit, et attribue à l'immobilisme intellectuel de collaborateurs occupés à défendre avec acharnement la position fragile car de plus en plus contestée de leur sociologie tant sur le plan intellectuel que sur le plan institutionnel. À travers les exemples de Mauss, Simiand Halbwachs et Bougle, on s'aperçoit en effet que dans l'entre-deux guerres la sociologie évolue. Ces auteurs, chacun à leur manière, posent de nouveaux jalons pour l'élaboration d'une "psychologie collective" qui, en s'intéressant aux états psychiques collectifs partagés par des individus places dans certaines situations, gomme le hiatus que Durkheim avait posé entre l'individu et la société. Toutefois, cette entreprise de rénovation conceptuelle reste inachevée. C'est pourquoi la deuxième guerre n'est peut-être pas non plus la coupure - marquée par la fin du durkheimisme et la nécessité de reconstruire la sociologie française - qu'on a souvent voulu voir. Pressés de répondre aux problèmes posés par la reconstruction, malmenés par une philosophie engagée qui dénie à leur discipline le statut de science, impressionnés par une science sociale empirique venu d'Outre-Atlantique qui se pose comme un nouveau modèle pour la recherche, des auteurs tels que Gurvitch, Friedmann, Stoetzel, bien que soucieux de construire une nouvelle sociologie plus empirique et capable de mieux saisir le sens vécu des conduites humaines, sont amenés à défendre une conception hexagonale de leur discipline. Ainsi tous gardent une posture épistémologique qui n'est pas sans rappeler le rationalisme durkheimien, car elle s'efforce de replacer, pour les comprendre, les pensées et les conduites individuelles dans la totalité de la société. Dans ce contexte, les travaux entamés par les durkheimiens une décennie plus tôt, qui avaient commencé à poser ces problèmes, restent d'actualité jusqu'à la fin des années cinquante.