Corps et aliment
Auteur / Autrice : | Jean-Max Marcuzzi |
Direction : | Didier Deleule |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1993 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Il est impossible de comprendre le corps sans une détermination de l'aliment car l'homme est non seulement comme le dit Heidegger, "formateur de monde", mais aussi "formateur de soi-même". L'homme construit son corps comme puissance d'actualiser des possibles. Son rapport "poétique" au monde est aussi construction "pratique" de soi. L'aliment et le corps ne sont ni naturels, ni instrumentaux, mais "artifices non utilitaires". L'aliment ne se laisse déterminer en termes simplement rationnels ou quantitatifs, car il est construit dans une synthèse imaginaire ou sa mesure se détermine en même temps ses qualités sensibles, sa valeur et sa puissance. Le corps est la construction historique d'une puissance manifeste à partir de laquelle se projettent et se réalisent des possibles. Ainsi la construction des corps ne peut-elle être abandonnée a une nature irresponsable, car ces possibles impliquent une pratique collective et une histoire. Il n'y a pas de communauté politique sans une communauté de la production et du partage de l'aliment. La pensée est donc une pensée de la responsabilité, et l'aliment une chose éthique, réalité spécifiquement humaine, irréductible a la nourriture animale ou au carburant des machines construites pour servir.