Thèse soutenue

L'épître en vers et les grands rhétoriqueurs

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Auteur / Autrice : Patrick Joole
Direction : Daniel Ménager
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance en 1992
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

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Résumé

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Perfectionnée à partir de modèles littéraires latins, médiévaux ou italiens, l'épitre en vers est l'un des genres à forme fixe les plus pratiqués par les grands rhétoriqueurs qui l'ont utilisé à la fois pour constituer de vastes réseaux de relations et pour créer une poétique très différente de celle de leurs autres œuvres. Malgré une forme et une disposition spécifiques, ce genre se caractérise par une variété de sujets, de tons et de styles justifiée par la nécessité de s'adapter à la personnalité du destinataire et aux circonstances. Associés à la variété, la brièveté et les multiples variations internes donnent l'illusion de la vivacité, renforcé par un ton constamment enjoué, les images inattendues ou les effets parfois burlesques. Cette jeunesse du style s'oppose au sens de la mesure, a l'urbanité, aux autoportraits d'un auteur d’âge mur et à la rhétorique de la douceur. Dénuée de traits satiriques trop acérés ou de figures trop envahissantes, préservant le rythme de la phrase, l'épitre doit plus séduire que convaincre grâce à une simplicité et un naturel qui la rapproche d'une conversation familière. Elle parait en outre nourrie d'elle-même, multipliant les sujets pour n'en traiter véritablement aucun et développant un discours sur sa propre élaboration ou sur l'épistolier. Celui-ci, tantôt masqué tantôt à visage découvert, transforme sa vie à la cour en tragi-comédie, se montre au travail et offre des tableaux de son existence retirée. Ainsi l'épitre, genre de la libre-parole, propose l'image d'un poète libéré des contraintes de la vie à la cour. Celui-ci affirme la conscience de sa valeur et crée, parallèlement a la république des lettres et grâce à la "petite épitre", une "aristocratie de la poésie".