Diderot critique d'Helvetius ou le matérialisme en chantier
Auteur / Autrice : | Jacques Ducol |
Direction : | Jean-François Marquet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1986 |
Etablissement(s) : | Tours |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Au sein de la philosophie des lumières, le matérialisme, lié au développement des sciences, apparait comme la position philosophique la plus cohérente, la plus apte à définir et à résoudre les problèmes nouveaux, si les fondements de leur matérialisme sont identique, Diderot et Helvetius s'opposent bien souvent, que ce soit à propos d'une question aussi théorique que celle du rapport pensée sensation, ou à propos d'une question aussi politique que celle du luxe. Toutefois, ce dialogue reste l'un de ces moments privilégiés qui rythment l'élaboration progressive d'une véritable science de l'homme : en effet, centrée sur le rapport organisation éducation, la discussion Diderot-Helvetius se révèle être un point nodal, le lieu où se cristallisent les interrogations du siècle, parce qu'elle contribue de facon décisive à formuler ce problème majeur : comment peut-on modifier l'homme? ainsi, la réfutation d'helvetius est un texte essentiel : Diderot ne renie nullement ses principes, mais s'interroge, stimule par la réflexion d'Helvetius, sur les moyens les plus adéquats pour transformer en programme politique concret les idées les plus audacieuses de son temps. Néanmoins, ces divergences ne remettent pas en cause l'unité profonde du matérialisme du XVIIIe siècle dont la cohérence interne, forgée dans le combat politique et au contact de la science et de la technique nouvelles, le rend théoriquement et politiquement révolutionnaire. C'est bien pourquoi, du XIXe siècle à nos jours, ce matérialisme fut calomnie, occulte, incompris, mais jamais vraiment saisi comme un temps fort de l'histoire de la pensée, temps fort dont le contenu réel ne peut etre apprehendé que par le marxisme pris comme philosophie de la praxis.