Thèse soutenue

La voyelle apicale en chinois Jixi-Hui : phonologie et phonétique

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Auteur / Autrice : Bowei Shao
Direction : Rachid Ridouane
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Phonétique
Date : Soutenance le 23/10/2020
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du langage (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de phonétique et phonologie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Ioana Chitoran
Examinateurs / Examinatrices : Rachid Ridouane, Ioana Chitoran, Yiya Chen, James M Scobbie, Pierre Hallé, Rudolph Sock
Rapporteurs / Rapporteuses : Yiya Chen, James M Scobbie

Mots clés

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Résumé

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Les langues chinoises ont un ensemble de segments appelés « voyelles apicales » (舌尖元音 en chinois). Leur nature exacte est à l’origine d’un débat toujours en cours : S’agit-il de consonnes ou de voyelles ? Les « voyelles apicales » ont été analysées dans des études précédentes comme étant de véritables voyelles, des voyelles fricatives, des fricatives syllabiques, ou des approximantes syllabiques. Cette thèse porte sur la voyelle apicale attestée en chinois Jixi-Hui. J’examine ce segment d’un point de vue phonétique et phonologique et montre qu’il est mieux défini comme une consonne fricative voisée (transcrit /z̩/).Phonologiquement, ce segment est un phonème distinct de /i/. Il est exclusivement attesté en position de noyau de syllabe où il constitue une unité porteuse de ton. Il peut apparaître non seulement après les sibilantes coronales /s ts tsh/, mais aussi les bilabiales /p ph/ et les nasales /m n/. Phonétiquement, les caractéristiques acoustiques et articulatoires de ce segment sont examinées. Les résultats montrent que /z̩/ contient dans la majorité des cas un bruit de friction dans sa phase initiale, superposé sur du voisement, avec une structure formantique plus claire apparaissant vers la fin. Les analyses du rapport harmonique/bruit et du taux de passage par zéro confirment cette présence significative du bruit de friction, distinguant clairement ce segment des voyelles. Les généralisations en SS ANOVA des données ultrasoniques montrent que /z̩/ a une forme de langue presque identique à celle de /s/ sur les plans mi- sagittal et coronal, malgré quelques différences spécifiques à chaque locuteur. Cette forme de langue reste constante dans les contextes consonantiques bilabiales et alvéolaires.La variabilité dans la façon dont /z̩/ est phonétiquement implémentée est considérée comme étant la conséquence de deux contraintes en interaction : une contrainte structurelle liée au statut distinctif de /z̩/ et au rôle qu’il joue dans la structure syllabique, et une contrainte physique liée à l’incompatibilité entre le voisement et le bruit de friction. L’étude souligne également la nécessité de reconnaître les fricatives syllabiques en chinois Jixi-Hui, et probablement aussi dans d’autres langues chinoises.