Thèse soutenue

Imagerie matricielle spatio-temporelle : de la sismologie passive des volcans à l'échographie transcrânienne du cerveau

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Auteur / Autrice : Elsa Giraudat
Direction : Alexandre AubryMathias Fink
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance le 22/05/2024
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Langevin-Ondes et images (Paris ; 1997-....)
établissement opérateur d'inscription : Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris (1882-....)
Jury : Président / Présidente : Hervé Chauris
Examinateurs / Examinatrices : Alexandre Aubry, Mathias Fink, Gianmarco Pinton, Philippe Roux, Justine Robin, Olivier Couture, Jean-Christophe Komorowski
Rapporteurs / Rapporteuses : Gianmarco Pinton, Philippe Roux

Résumé

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En imagerie ondulatoire, nous cherchons à caractériser un environnement inconnu en le sondant activement puis en enregistrant les ondes réfléchies par le milieu. C'est, par exemple, le principe de l'imagerie par ultrasons ou de la sismologie en réflexion. Les méthodes d’imagerie conventionnelles reposent sur deux hypothèses fondamentales : l’homogénéité de la vitesse des ondes dans le milieu et un régime de diffusion simple. En réalité, ces hypothèses ne sont que rarement vérifiées, que cela soit en échographie médicale in vivo ou en exploration sismique in situ. Les variations spatiales de la vitesse de phase déforment les fronts d’ondes et peuvent induire des événements de diffusion multiple ou des réverbérations, dégradant considérablement le processus de focalisation et in fine la résolution ainsi que le contraste de l’image. Ces phénomènes constituent des limites fondamentales au processus d’imagerie des milieux complexes. Pour vaincre ces problèmes, le concept d’imagerie matricielle a été développé récemment dans différents domaines de la physique des ondes. Il consiste à mesurer la matrice de réflexion associée à un réseau de capteurs placé en vis à vis du milieu. Une fois cette matrice connue, un ensemble d’opérations peut lui être appliquée afin d’apprendre à focaliser virtuellement en n’importe quel point du milieu et ainsi estimer une carte de sa réflectivité fidèle à la réalité.Dans un premier temps, le formalisme matriciel est mis à profit pour imager la structure interne du volcan La Soufrière de Guadeloupe. Les corrélations du bruit sismique enregistré par un réseau de géophones permettent d’accéder à la matrice de réponse entre géophones. Un processus de « redatuming » large bande permet ensuite de projeter cette matrice dans une base de géophones virtuels à chaque profondeur et de la fenêtrer temporellement de sorte à éliminer la diffusion multiple. En isolant les distorsions du front d’ondes dans une matrice distorsion et en les étudiant depuis la surface de la Terre, on peut exploiter un effet mémoire angulaire pour compenser les hétérogénéités de vitesse des ondes sismiques et révéler ainsi la cheminée du volcan sur les cinq premiers kilomètres. En corrigeant ces distorsions du front d’onde depuis la base des ondes planes, une image des chambres magmatiques est obtenue jusqu’à 10 km de profondeur avec une résolution de l’ordre de la demi-longueur d’onde. Une telle résolution va bien au-delà de la limite de diffraction qui est généralement imposée par la taille finie du réseau de géophones.Dans un second temps, l‘approche matricielle s’attaque à la compensation des réverbérations dans le cadre de l’imagerie ultrasonore transcrânienne. A cette fin, la matrice de réflexion focalisée n’est plus considérée au seul temps balistique mais son étude est étendue au domaine temporel. Le concept de matrice distorsion est étendu au domaine fréquentiel et des lois de focalisation spatio-temporelles sont estimées afin de compenser le problème de réverbérations à travers le crâne humain. Toutefois, cette méthode repose sur un effet mémoire local qui peut s’avérer insuffisant à travers un milieu aussi complexe que le crâne.Pour contourner ce problème, nous pouvons tirer profit du caractère dynamique du système vasculaire cérébral pour proposer une méthode d’extraction des lois d’aberrations ne reposant pas sur une hypothèse d’isoplanétisme local. Des résultats préliminaires sont montrés dans le cadre d’une expérience d’imagerie transcrânienne in vivo sur un mouton. Cette approche ouvre la voie à une mesure haute résolution de la matrice de transmission liant chaque transducteur de la sonde à chaque voxel de l’image. La connaissance de cette matrice constitue le Graal en imagerie puisque son inversion nous permettrait de rendre transparente n’importe quelle boîte crânienne.