Approches hiérarchiques bayésiennes pour l'estimation d'un risque sanitaire induit par l'exposome professionnel (co-expositions radiologiques à faibles doses sujettes à des erreurs de mesure) : Application à la cohorte française des mineurs d'uranium
Auteur / Autrice : | Julie Fendler |
Direction : | Chantal Guihenneuc-Jouyaux, Sophie Ancelet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biostatistiques et data sciences |
Date : | Soutenance le 13/11/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'épidémiologie des rayonnements ionisants (IRSN) (Fontenay-aux-Roses ; 2017-2024) |
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....) | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé publique (2020-….) | |
Jury : | Président / Présidente : Virginie Rondeau |
Examinateurs / Examinatrices : Marc Chadeau-Hyam, Pierre Druilhet, Marie Simon-Cornu, Charline Warembourg | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Chadeau-Hyam, Pierre Druilhet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La population des mineurs d'uranium est une population de référence pour étudier l'effet sanitaire d'une exposition chronique à différentes sources de rayonnements ionisants (RI) : le radon, les rayonnements gamma et les poussières d'uranium. Cependant lors de ces études deux problèmes statistiques se posent : 1) les expositions des mineurs sont mesurées à une erreur près ; 2) les expositions aux trois sources de RIs sont fortement corrélées entre elles. En épidémiologie des RIs, les erreurs de mesure sur les expositions sont souvent ignorées et les risques sanitaires sont estimés source par source, ignorant les effets synergiques ou antagonistes des expositions simultanées. Ce travail, se découpant en deux parties, vise à promouvoir l'utilisation de modèles hiérarchiques bayésiens, permettant de répondre aux deux problèmes posés précédemment. L'ensemble des méthodes statistiques proposées est appliqué lors de l'estimation d'un risque sanitaire à partir de données de survie dans la cohorte française des mineurs d'uranium.Un modèle est proposé permettant d'estimer un risque sanitaire associé à une exposition chronique au radon en considérant des erreurs de mesure complexes sur ces expositions au radon. En effet, les erreurs de mesure considérées dépendent du lieu de travail du mineur ainsi que de ses habitudes de travail qui changent peu au cours du temps. Ces erreurs sont donc corrélées spatialement et temporellement. De plus, elles sont hétéroscédastiques : leurs variances décroissent au cours du temps en même temps que les méthodes d'évaluation des expositions au radon se perfectionnent. Les modèles proposés sont utilisés afin de considérer les erreurs de mesure sur les expositions au radon lors de l'estimation du risque de décès par cancer du poumon, cancer du rein, cancer du cerveau et du système nerveux central et leucémie. La correction des erreurs de mesure et l'estimation du risque sanitaire sont faites simultanément afin que l'estimation du coefficient de risque tienne compte de l'incertitude sur les expositions. Un algorithme MCMC est implémenté en Python 3.8 afin de mener l'inférence du modèle dans un cadre bayésien. Une étude par simulations est ensuite menée afin d'estimer l'impact d'une mauvaise spécification du modèle sur les estimations de risques.La prise en compte simultanée des trois expositions aux RIs est réalisée à l'aide des modèles de mélange de régressions sur profil d'expositions (PRM). Ces modèles permettent de créer des groupes de mineurs ayant un profil d'expositions similaire et un risque sanitaire similaire. Comme précédemment, l'inférence des groupes et l'estimation du risque sanitaire sont effectuées simultanément afin que l'incertitude sur le regroupement soit prise en compte dans l'estimation du risque. Le nombre de groupes dans le modèle est infini mais seulement un nombre fini de groupes sont non vides. Cette particularité, impliquant que le nombre de paramètre du modèle soit infini, introduit une difficulté dans l'inférence du modèle. De plus, les sorties de l'algorithme d'inférence ne sont pas interprétables directement : un travail de post-traitement doit être effectué afin de former les différents groupes d'individus. Tandis que le choix du post-traitement utilisé a un impact sur le regroupement des individus, les recommandations quant à celui-ci sont quasi inexistantes dans la littérature. Ce travail propose une implémentation en Python d'un algorithme MCMC peu coûteux en temps permettant d'inférer les modèles PRM. Cet algorithme est utilisé afin d'estimer le risque de décès par cancer du poumon dans la cohorte française des mineurs d'uranium associé à des expositions simultanées au radon, aux rayonnements gamma et aux poussières d'uranium. Enfin une étude par simulations est menée afin de comparer les différentes procédures de post-traitement et émettre des recommandations quant à l'utilisation de ces dernières.