Thèse soutenue

Inégalités et dépenses publiques : trois essais

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Auteur / Autrice : Aubin Vignoboul
Direction : Jean-Louis CombesSonia Schwartz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 19/12/2024
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences économiques, juridiques, politiques et de gestion (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Économie d'Orleans (Orléans ; 2022-...)
Jury : Président / Présidente : Amélie Barbier-Gauchard
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Combes, Sonia Schwartz, Olivier Beaumais, Isabelle Cadoret, Marion Leturcq
Rapporteurs / Rapporteuses : Amélie Barbier-Gauchard, Olivier Beaumais

Résumé

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Le réchauffement climatique et l'intensification des catastrophes naturelles représentent une menace pour les inégalités de revenus, risquant de les aggraver. Les dépenses publiques apparaissent comme un outil approprié pour lutter contre ces disparités. Parallèlement, les normes sociales liées au genre influencent les comportements des femmes dans la gestion des politiques publiques. Cette thèse vise à analyser empiriquement, à travers trois chapitres, la relation complexe entre politique budgétaire, inégalités de revenus et de genre dans le domaine environnemental.Les conséquences à moyen terme des catastrophes naturelles sur les inégalités de revenus sont peu explorées dans la littérature. Le premier chapitre de cette thèse considère cette question. La méthode des projections locales est utilisée en mobilisant des données météorologiques couvrant 114 pays entre 1995 et 2014. Les résultats principaux montrent que l'impact des cyclones sur les dynamiques des inégalités, avant et après redistribution, varie selon le niveau de développement et de démocratie des pays. Dans les pays les plus pauvres, les inégalités diminuent grâce à l'afflux d'aides internationales et aux transferts des migrants. En revanche, dans les pays développés, les inégalités avant redistribution baissent, puis augmentent. Cet effet rebond traduit un mécanisme schumpétérien. Davantage touchés par la destruction du capital, les ménages les plus aisés bénéficient de la modernisation de celui-ci pendant la phase de reconstruction, ce qui augmente ainsi leurs revenus et donc les inégalités avant transfert. Cette hausse ne se répercute pas sur la dynamique des inégalités après redistribution.L'impact du genre est largement documenté dans la littérature microéconomique, mais il demeure sous-exploré au niveau macroéconomique. Le deuxième chapitre explore le lien entre la représentation des femmes au sein des gouvernements et la cyclicité des dépenses publiques. L'étude porte sur une analyse trimestrielle des 27 pays membres de l'Union Européenne sur la période 2003-2021. Les résultats obtenus avec la méthode des Moindres Carrés Ordinaires à effets fixes montrent que la part des femmes occupant des fonctions économiques au sein des gouvernements est associée à une politique budgétaire plus optimale au sens keynésien, en renforçant sa contracyclicité. Ce résultat est robuste au changement d'estimateurs et de variables mesurant le cycle économique et le solde budgétaire. Cet effet est particulièrement marqué pour les femmes ministres avec des fonctions économiques occupant un siège au conseil des ministres.La littérature en économie expérimentale révèle des préférences distinctes selon le genre. Toutefois, l'impact de ces différences sur les politiques environnementales à l'échelle macroéconomique reste largement méconnu. Le troisième chapitre s'intéresse à l'influence de la représentation féminine sur les dépenses publiques environnementales. En analysant les 27 pays de l'Union Européenne entre 2003 et 2022, ce chapitre montre, à partir d'estimations menées avec les Moindres Carrés Ordinaires à effets fixes, qu'une présence accrue des femmes dans les gouvernements est corrélée à une augmentation des dépenses publiques en faveur de l'environnement. Ce résultat est robuste à l'ajout de variables de contrôle, aux changements dans les variables utilisées pour capturer les dépenses environnementales et à l'utilisation d'estimateurs alternatifs. Les femmes occupant des sièges au conseil des ministres ont l'impact le plus important sur les dépenses environnementales. Il apparait que l'effet du genre ne dépend ni du moment où les femmes interviennent dans le processus budgétaire, ni de l'orientation politique du parti au pouvoir. La hausse des dépenses environnementales concerne les secteurs de la recherche & développement ainsi que la gestion des ressources en eau.