Du Cap de Bonne Espérance à la Pointe de Grave : une étude du mouvement des vins nature et de ses enjeux politiques. Mobilisations environnementales et transformation de la production vitivinicole

From the Cape of Good Hope to the Pointe de Grave : a study of natural wine and its political challenges. Environmental movements and the transformation of wine production

• Auteur / Autrice : Clémentine Chazal
• Direction : Dominique Darbon, Andy Smith
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Science politique
• Date : Soutenance le 12/09/2024
• Etablissement(s) : Bordeaux
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Les Afriques dans le monde (Pessac, Gironde ; 2011-....)
• Jury : Président / Présidente : Antoine Roger
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Cheryl McEwan, Marie Hrabanski
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Ollitrault, Stefano Ponte

Mots clés

Mots clés contrôlés

Vin naturel

Grave, Pointe de (France)

Environnement -- Protection

Cap-Occidental (Afrique du Sud ; province)

Vin -- Industrie et commerce

Mots clés libres

Mouvement des Vin Nature

Industrie vitivinicole

Bordeaux (France)

Cap- Occidental (Afrique du Sud)

Mobilisation environnementales

Cadres cognitifs

Circulation des savoirs

Alternative agro-food movement

Social network analysis

Natural wine movement

Wine Industry

Bordeaux (France)

Western Cape Province (South Africa)

Environmental mobilisations

Cognitive framework

Knowledge and power agencies

Alternative Agro-Food Movement

Social Network Analysis

Résumé

Au sein de l'industrie vinicole actuelle, un changement de paradigme est en cours alors que de plus en plus de vignerons remettent en question les pratiques conventionnelles fordistes et les techniques viticoles intensives. Pourtant, cette rupture avec le modèle industriel reste confinée à une cohorte restreinte de producteurs, de vignerons pionniers qui transforment la production de vin en défendant la protection de l'environnement, le soin écologique, la viticulture à petite échelle et le renouveau de l'artisanat. Ces pratiques alternatives se manifestent par l'émergence du mouvement des vins nature, un segment de niche du marché du vin qui a attiré l’attention des professionnels du vin, des médias spécialisés et des critiques internationaux, suscitant des réactions vives de toutes parts. Cette recherche part de l'absence de définition technique du vin nature, l'examinant non pas comme un produit ni une marchandise, mais comme un mouvement social de résistance et une évolution du marché. Cette recherche doctorale repose sur trois hypothèses clés. Premièrement, j'affirme que le mouvement des vins nature agit comme une plateforme de résistance et d'innovations radicales, notamment pour les petits vignerons indépendants qui en faisant émerger un nouveau cadre cognitif créent un précédent au sein d'une industrie hautement normée, réglementée et symboliquement chargée. Deuxièmement, je soutiens que le mouvement des vins nature est apparu dans toutes les régions viticoles, tant dans ce qu'on appelle la « Vieille Europe » que le « Nouveau Monde ». Par conséquent, le mouvement des vins nature peut être considéré comme un réseau transnational avec une identité internationale qui traverse les régions viticoles et une diversité d'ancrages locaux. Troisièmement, je soutiens que le réseau des vins nature permet un projet politique de diffusion de nouveaux savoirs et savoir-faire dans le secteur vinicole, en proposant des voies alternatives de productions et en présentant des techniques innovantes tout le long de la chaine de valeur du vin. Dans cette perspective, le réseau des vins nature se pose en agent de changement progressif mais structurel au sein de l'industrie vinicole. Adoptant une perspective à la croisée entre la sociologie politique et l’économie politique, et utilisant des méthodes qualitatives, y compris des entretiens et des observations, ainsi que l'analyse des réseaux sociaux, cette étude explore l'émergence du mouvement des vins nature dans deux régions viticoles distinguées : la province du Cap-Occidental en Afrique du Sud et la région de Bordeaux en France.

Within the current wine industry, a paradigm shift is underway as winemakers increasingly question conventional Fordist practices and intensive viticulture techniques. Yet, this departure from the industrial model remains confined to a select cohort of trailblazing winemakers who are reshaping wine production by championing environmental stewardship, ecological care, small-scale viticulture, and renewed craftsmanship. These alternative practices manifest through the emergence of the natural wine movement, a niche segment of the wine market that has attracted tremendous attention from wine professionals, specialised media and critics internationally, provoking some acute reactions from all ends of the wine spectrum. This research departs from the absence of a technical definition for natural wine, examining it not as a product, nor a commodity, but as a social movement. The doctoral study is grounded in three key hypotheses. First, I assert that the natural wine movement acts as a platform for resistance and radical innovations, particularly for small independent winemakers, setting a precedent within an industry that is highly normed, regulated, and symbolically charged. Second, I argue that the Natural Wine Movement has surfaced in all wine regions, both from the so-called Old and New World. Consequently, the natural wine movement can be considered a transnational network with a diversity of local anchors yet supporting an international identity that cuts across wine regions. Third, I contend that the natural wine network allows for a political project of knowledge production throughout the wine sector at large, offering alternative ways of producing and showcasing innovations. In this perspective, the natural wine network becomes an agent for incremental yet structural change within the wine industry. Adopting an approach at the crossroads between political sociology and political economy, and employing qualitative methods, including interviews and observations, and social network analysis, this study delves into the emergence of the natural wine movement in two distinguished wine regions: the Western Cape Province in South Africa and the Bordeaux region in France.