Comment sortir d'une crise économique : analyse rétrospective des apports et de l'évolution de la théorie autrichienne des cycles dans le panorama de la Grande Dépression
Auteur / Autrice : | Jean-Christophe Aubanel |
Direction : | Renaud Fillieule, Alexandra Hyard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 20/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé) |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Vigeant |
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Vaillant | |
Rapporteurs / Rapporteuses : François Facchini, Antoine Gentier |
Résumé
Cette thèse propose une analyse rétrospective de la théorie autrichienne des cycles, depuis sa création en 1912 par Ludwig von Mises, jusqu'aux développements formulés par Murray Rothbard au cours des années 1960. Cette analyse monétaire des cycles économiques s'est principalement développée au cours des années 1930, mettant à l'épreuve de la Grande Dépression les travaux d'éminents théoriciens tels que Hayek, Robbins, Machlup, Haberler, Röpke, Fetter, ou encore Phillips. Notre recherche vise à mettre en lumière les répercussions de la Grande Dépression sur le développement de la théorie autrichienne des cycles économiques et ses recommandations de sortie de crise. Ceci nous permettant également d'évaluer l'unicité de cette analyse au fil de son évolution.Ce travail prend appui sur deux approches méthodologiques : celle de l'histoire de la pensée économique et celle de l'analyse économique. Dans cette optique, notre étude adopte une structure chronologique se décomposant en trois périodes essentielles : [1] la genèse et les premiers développements de la théorie autrichienne antérieure à la Grande Dépression (1912-1929), [2] la mise à l'épreuve de la théorie autrichienne des cycles au cours de la Grande Dépression (1929-1939), et enfin [3] le bilan de la Grande Dépression sur la pensée autrichienne (1939-1969).Notre démarche a donc pour dessein d'examiner en détail les diverses évolutions qui, sur une période de plus d'un demi-siècle, ont façonné la vision autrichienne des crises économiques et des remèdes à leur apporter. La Grande Dépression étant une période charnière sur ces questions, notre réflexion se concentre essentiellement sur les années 1930, époque durant laquelle ont été publiées la grande majorité des œuvres autrichiennes de référence en la matière, ponctuée de multiples controverses avec les écoles keynésienne et néoclassique. C'est aussi de considérations politiques et épistémologiques dont il est question, tant l'école autrichienne attache une importance particulière à croiser les analyses sur un même sujet, illustrant de fait le propos de Hayek « Il serait un mauvais économiste celui qui ne serait qu'économiste. ». Notre recherche suppose également de décomposer et d'expliquer les mécanismes complexes qui forment le socle théorique sur lequel est bâtie l'analyse autrichienne des cycles : la théorie du capital, de l'intérêt, et de la monnaie.Sur la base de tous ces éléments de diverses natures, notre thèse cherche donc à questionner, outre la pensée d'éminents auteurs appartenant désormais à la postérité, le processus de formation d'une des plus importantes théories économiques du XXe siècle, et des solutions qu'elle a proposées à la plus grande crise de l'ère capitaliste.Cette démarche de mettre à jour des recommandations de sortie de crise dans une perspective autrichienne, bien qu'en apparente contradiction avec les principes de non-intervention propres à cette école de pensée, nous amène également à remettre en question l'idée selon laquelle les politiques gouvernementales constituent la seule et unique solution envisageable pour surmonter les épisodes récurrents de dépression. Par là même, l'espoir de ce travail, d'un point de vue pratique, est d'apporter des éclaircissements sur une question qui, encore aujourd'hui, demeure sans réponse définitive dans le domaine de la macroéconomie moderne.