Entreprises, Territoires et Inégalités
Auteur / Autrice : | Elio Nimier-David |
Direction : | Francis Kramarz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 06/06/2023 |
Etablissement(s) : | Institut polytechnique de Paris |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche en Economie et Statistique (Palaiseau ; 1993-....) |
établissement opérateur d'inscription : École nationale de la statistique et de l'administration économique (Palaiseau ; 1960-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Xavier d' Haultfoeuille |
Examinateurs / Examinatrices : Francis Kramarz, Enrico Moretti, Edward Ludwig Glaeser, Ayşegül Şahin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Enrico Moretti, Edward Ludwig Glaeser |
Mots clés
Résumé
Cette thèse se situe à l'intersection de l'économie du travail, de l'économie urbaine et de l'entrepreneuriat. Elle vise à mieux comprendre le rôle des politiques d'éducation et du marché du travail dans le développement de l'activité économique locale et pour les inégalités.Le chapitre 1 étudie l'évolution des inégalités sur le marché du travail, la mobilité sociale et la dynamique des revenus en France entre 1991 et 2016. Contrairement aux autres pays développés, la France a connu une diminution des inégalités. Cette réduction est principalement due à une augmentation de la rémunération des femmes, en particulier dans le bas de la distribution, et à une réduction de l'écart salarial hommes-femmes. La compression des revenus est également observée à une échelle géographique plus fine, avec une convergence des villes les plus pauvres et une diminution des inégalités au sein et entre les territoires. Nous examinons ensuite le rôle de plusieurs politiques du marché du travail et constatons que l'augmentation du salaire minimum et la réduction du temps de travail ont eu un impact majeur. Enfin, nous étudions les principales caractéristiques de la distribution de la croissance des revenus. Comme aux États-Unis, nous constatons qu'elle est asymétrique, leptokurtique, et que les deux queues de la distribution sont Pareto distribuées. Ce chapitre permet de mieux comprendre l'évolution des inégalités et la dynamique des revenus au cours des dernières décennies.Le chapitre 2 étudie les effets de la participation salariale sur la rémunération des travailleurs et la productivité des entreprises. Pour ce faire, nous exploitons l'expansion d'un régime obligatoire de participation aux bénéfices de l'entreprise en France dans les années 1990. Depuis 1967, les entreprises de plus de 100 salariés doivent distribuer une part de leurs bénéfices à leurs travailleurs. En 1991, ce seuil a été ramené à 50 salariés. Nous nous appuyons sur une analyse de ``bunching'' et une stratégie de différence-de-différences exploitant ces seuils pour identifier les effets causaux de la participation salariale. Nous montrons que l'adoption de la participation aux bénéfices a entraîné une augmentation significative de la rémunération des travailleurs associée à une réduction comparable des bénéfices des actionnaires. Nous ne constatons aucune incidence sur le salaire de base des travailleurs, sauf au sommet de la distribution des revenus. Enfin, nous ne trouvons pas d'effets sur l'activité économique de l'entreprise et notamment sur l'investissement ou la productivité. La participation salariale augmente la rémunération des travailleurs sans impact sur la production.Le chapitre 3 analyse l'impact des universités sur l'activité économique locale. Pour ce faire, j'exploite une politique massive de construction de nouvelles universités mise en œuvre en France durant les années 1990. En combinant des différences-de-différences avec des données administratives, j'estime les effets causaux de ces nouveaux établissements. Une analyse au niveau local indique que la politique a augmenté de manière persistante le niveau d'éducation de la main d'œuvre et a entraîné de la création destructrice. On observe à la fois une augmentation des créations d'entreprises, en particulier dans les industries qualifiées, et des effets négatifs pour les ``vieilles'' entreprises. Dans l'ensemble, ces nouvelles universités ont amélioré l'activité économique locale avec plus de production et d'emplois pour les jeunes, mais des effets négatifs pour les travailleurs plus âgés. L'analyse locale est ensuite complétée par une analyse au niveau individuel. La construction de nouveaux établissement augmente la probabilité d'obtenir un diplôme universitaire, d'être en emploi et d'occuper un emploi qualifié à long terme. Ce chapitre montre que le niveau local de capital humain joue un rôle majeur dans la création d'entreprises, avec un impact considérable sur l'activité économique locale.