Thèse soutenue

Interactions entre le climat et le cycle du carbone à des échelles de temps centennales à orbitales au cours des 2 derniers millions d'années

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Auteur / Autrice : Etienne Legrain
Direction : Frédéric ParreninEmilie Capron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre et de l’Environnement
Date : Soutenance le 17/10/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble, Isère, France ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des géosciences de l'environnement (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Didier Voisin
Examinateurs / Examinatrices : María Fernanda Sánchez Goñi, Thomas Stocker
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Masson-Delmotte, Eric Wolff

Résumé

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Les projections climatiques futures dépendent de notre compréhension des processus liés aux changements dans le cycle du carbone et de la manière dont ce dernier interagira avec le climat pour les siècles et les millénaires à venir. Cette thèse combine des analyses expérimentales réalisées sur de la glace Antarctique avec une synthèse des températures de surface et de la modélisation conceptuelle, permettant ainsi d’étudier l'impact des changements dans le cycle du carbone sur le climat à des échelles temporelles centennales à orbitales. Mes résultats apportent de nouvelles perspectives :(i) À l'échelle orbitale : Les causes de la Transition du Pléistocène Moyen (MPT, ~1,2 - 0,6 Ma) font l'objet d'un large débat. Basé sur un nouveau modèle conceptuel du volume global de glace, je démontre que le forçage orbital a joué un rôle clé dans le déclenchement de la MPT, combiné à un changement graduel au sein du système interne terrestre. Ces résultats soutiennent l'hypothèse qu'une diminution sur le long terme des concentrations atmosphériques de CO2 durant le Pléistocène a déclenché la MPT.(ii) À l'échelle pluri-milléniale : Obtenir une représentation complète du climat pendant les périodes chaudes nécessite de se baser sur différentes archives sur toute la surface terrestre. Ici, je présente la première synthèse de données de température de surface à l'échelle mondiale pendant le stade marin isotopique 7 (MIS 7, ~ 245-190 ka). Mes résultats montrent que (i) les intensités des deux phases chaudes du MIS 7 sont similaires sauf dans les hautes latitudes australes, (ii) les changements climatiques dans les hautes latitudes sont corrélés avec les variations des concentrations atmosphériques de CO2 et (iii) les variations de température de surface sont corrélées avec les variations de l'obliquité pendant cette période, mettant en évidence des similitudes entre le MIS 7 et les interglaciaires pré-MPT.(iii) À l'échelle pluri-centennale : Les transitions glaciaire-interglaciaire (terminaisons) sont les périodes de réchauffement global les plus importantes des 2 derniers millions d'années. Les interactions en jeu entre le cycle du carbone et le climat pendant ces intervalles restent mal contraints. Sur la base de nouvelles et anciennes mesures des concentrations de δ15N de N2 et de CO2 atmosphérique issues de la carotte EPICA Dome C, je mets en évidence un retard à l'échelle pluri-centennale de la diminution des concentrations de CO2 atmosphérique par rapport au refroidissement climatique Antarctique à la fin de quatre des cinq dernières terminaisons. Ce décalage, similaire à celui observé pendant la variabilité à l'échelle millénaire de la dernière période glaciaire, suggère que les terminaisons sont achevées par des événements milléniaux. L'analyse de la séquence d'événements à la fin de la terminaison suggère également que le renforcement d'un puits de carbone situés aux basses et moyennes latitudes pourrait avoir déterminé le moment exact de la diminution des concentrations de CO2.(iv) À l'échelle centennale : Plusieurs augmentations abruptes des concentrations atmosphériques de CO2 ont été identifiées par des mesures de l’air inclus dans la glace de l'Antarctique. En combinant un nouvel enregistrement des concentrations de CO2 atmosphérique sur la période 260-190 ka avec des enregistrements publiés, je constate que 18 des 20 événements centennaux identifiés se produisent dans un contexte d'obliquité élevée. De nouvelles simulations réalisées avec le modèle du système terrestre LOVECLIM confirment cette influence de l’obliquité et pointent vers la biosphère continentale comme source de carbone modulée par l'obliquité lors de ces événements rapides.Dans l'ensemble, mes résultats soulignent deux caractéristiques du climat du Pléistocène : (i) le rôle prédominant du forçage orbital dans les interactions entre le climat et le cycle du carbone, et (ii) une interaction forte entre les processus agissant à différentes échelles temporelles.